Le Journal de Quebec

IL ÉTAIT UNE FOIS SIX GRANDS JOUEURS

- MARC DE FOY marc.defoy@ quebecorme­dia.com

Ils étaient là, hier matin, pour rencontrer Le Journal. Six grands noms du hockey représenta­nt les équipes originales de la Ligue nationale. Tous membres du Panthéon du hockey, leurs chandails ont été retirés dans les villes où ils ont fait honneur à leur équipe et à leur sport. Ils font partie du club des 100 plus grands joueurs du centenaire de la LNH. Ce sont Yvan Cournoyer (Montréal), Dave Keon (Toronto), Raymond Bourque (Boston), Rod Gilbert (New York), Frank Mahovlich (Toronto, Detroit et Montréal) et Denis Savard (Chicago et Montréal). Résumé d’une rencontre mémorable.

Changeriez-vous des choses dans le hockey d’aujourd’hui ?

Dave Keon : « Le retour de la ligne rouge me plairait, car le hockey a besoin de plus de créativité. Le jeu serait moins rapide, mais les joueurs profiterai­ent d’une meilleure protection. Particuliè­rement les défenseurs. Ça les aiderait aussi stratégiqu­ement. En l’absence de la ligne rouge, il se fait de longues passes qui permettent aux attaquants d’entrer en territoire offensif à 100 milles à l’heure ! Ça ne laisse pas de chance aux défenseurs qui reculent à 20 milles à l’heure. Je n’aime pas voir ça. »

Raymond Bourque : « J’élargirais les patinoires, mais pas jusqu’à 100 pieds (la largeur est de 85 pieds dans la LNH), comme c’est le cas pour les surfaces olympiques. Je couperais de moitié la différence qui existe en largeur entre les patinoires olympiques et celles de la LNH. On parle donc de sept pieds et demi de plus. »

Denis Savard : « À mes débuts, les patinoires n’avaient pas toutes les mêmes dimensions dans la Ligue nationale. Les surfaces étaient plus petites au Boston Garden et au Chicago Stadium. J’aimais beaucoup jouer à Boston. »

Frank Mahovlich : « Mais il y avait des problèmes à jouer sur des petites patinoires. La zone centrale était si restreinte à l’ancien Madison Square Garden (le premier domicile des Rangers de 1925 à 1968) que si vous baissiez la tête, vous étiez vite dans le décor ! »

Êtes-vous d’accord pour dire que les équipes jouent toutes de la même façon de nos jours ? Le coaching occupe-t-il une place trop grande ?

Raymond Bourque : « Les équipes regardent effectivem­ent beaucoup ce que les autres font. Il y a peut-être trop de coaching, mais les entraîneur­s sont meilleurs que jamais. »

Denis Savard : « Je ne sais pas si c’est possible, mais on devrait peut-être enlever les magnétosco­pes aux entraîneur­s ! »

Dave Keon : « Quand on atteint la Ligue nationale, c’est qu’on possède des habiletés et il faut faire en sorte que les joueurs puissent développer leur talent. Les joueurs ne peuvent pas tous jouer de la même façon. »

Cinq d’entre vous, nommément Yvan Cournoyer, Dave Keon, Raymond Bourque, Rodrigue Gilbert et Denis Savard, sont d’origine québécoise. La baisse de joueurs québécois dans la LNH vous préoccupe-t-elle ?

Rodrigue Gilbert : « Ce n’est plus comme dans notre temps. Le hockey s’est internatio­nalisé. Les joueurs viennent de plusieurs pays. » NDLR – On compte des joueurs d’une vingtaine de nationalit­és dans la LNH. La représenta­tivité canadienne ne s’élève plus qu’à 47 pour cent. Le pourcentag­e de joueurs américains atteint 25 pour cent. La majorité des 28 pour cent restants proviennen­t d’europe.

Yvan Cournoyer : « Le hockey est devenu un sport très onéreux à pratiquer. »

Raymond Bourque : « C’est ainsi partout dans le monde. »

Pour Frank Mahovlich, Yvan Cournoyer et Rodrigue Gilbert : La Série du siècle est-elle le plus grand événement auquel vous avez participé ? »

Frank Mahovlich : « Ça devait être des matchs hors-concours et la première chose que l’on a sue, c’est devenu une confrontat­ion politique ! Aujourd’hui, il existe même un musée en mémoire de cette série à Moscou. »

Yvan Cournoyer : « Nous aurions perdu la série si elle avait commencé en Russie, car nous n’étions pas habitués aux grandes surfaces de jeu. Après les quatre premiers matchs au Canada, nous avons disputé deux rencontres en Suède, ce qui nous a aidés dans notre préparatio­n pour les quatre rencontres à Moscou. Mais vous savez quoi ? Je préfère encore les coupes Stanley que j’ai remportées (10) à la Série du siècle. C’est le rêve de tout joueur canadien. » Rodrigue Gilbert : « La Série du siècle a été ma coupe Stanley puisque je n’ai pas eu la chance d’en gagner une avec les Rangers. Au moment où nous avons eu les bons joueurs pour gagner à New York, les Flyers de Philadelph­ie sont arrivés avec leurs fiers-à-bras. En 1974, ils nous ont battus en sept matchs en demi-finale. On n’avait pas ce qu’il fallait pour contrer leur brutalité. »

Question à Frank Mahovlich et à Dave Keon : vous devez être contents de la renaissanc­e des Maple Leafs de Toronto ?

Frank Mahovlich : « Ils sont jeunes, enthousias­tes et excitants à voir jouer. Auston Matthews, Mitch Marner et William Nylander sont d’excellents joueurs. Je pense que les Leafs sont sur la bonne voie. Je les vois remporter la coupe Stanley au cours des prochaines années. »

Dave Keon : « Ce qu’on voit avec les Leafs est merveilleu­x ! À son arrivée à la présidence, Brendan Shanahan a pris la décision de rebâtir l’organisati­on à neuf au lieu de continuer à faire du rapiéçage. C’est une chose qui demande généraleme­nt du temps à faire, mais l’équipe est à un stade plus avancé que prévu à ce moment-ci. J’espère que les Leafs pourront ramener la coupe Stanley à Toronto dans trois ou quatre ans. Pour y arriver, il faudra que les joueurs continuent à s’améliorer. »

 ?? PHOTOS AGENCE QMI DARIO AYALA ?? Yvan Cournoyer (à gauche), Denis Savard, Rodrigue Gilbert, Frank Mahovlich, Dave Keon et Raymond Bourque ont été des figures dominantes à leur époque dans la Ligue nationale.
PHOTOS AGENCE QMI DARIO AYALA Yvan Cournoyer (à gauche), Denis Savard, Rodrigue Gilbert, Frank Mahovlich, Dave Keon et Raymond Bourque ont été des figures dominantes à leur époque dans la Ligue nationale.
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