Des milliards investis pour créer des quartiers
Projet de 900 M $ annoncé mercredi à Terrebonne
Ils sortent de terre à pleine vitesse, remplis de promesses. Pensés de A à Z, comptant logements, milieux de travail et centres de divertissement, les quartiers de type TOD ( TransitOriented Development) sont censés représenter l’avenir des grandes villes. Mais ils suscitent aussi leur lot de questions et de critiques.
Il y a eu le DIX30, quartier qui a vu le jour sur d’anciennes terres agricoles à Brossard, comptant des dizaines de commerces, des locaux pour bureaux, un complexe sportif, une clinique médicale, et bien plus, auquel on a reproché de ne compter aucun logement.
Juste en face, il y aura bientôt le TOD Quartier, mégaprojet de Devimco Immobilier, évalué à 1 milliard $, raccordé au futur Réseau électrique métropolitain (REM) et doté de 2000 unités résidentielles pouvant loger environ 5400 personnes. Les zones résidentielles compteront pour 67 % des installations, le reste étant occupé par des bureaux, des hôtels et des commerces.
Des projets du genre, il y en a plusieurs en développement plus ou moins avancé dans la grande région de Montréal.
155 TOD ?
La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui regroupe l’ensemble des municipalités de la grande région métropolitaine, a même identifié 155 aires qui pourraient être transformées en TOD.
La CMM espère que 40 % des nouveaux ménages d’ici 2031 s’installent dans des quartiers de type TOD localisés aux points d’accès du réseau de transport en commun, et souhaiterait atteindre 60 % « si l’offre en transport en commun est augmentée », comme ce doit être le cas avec le REM.
L’avantage recherché : réduire les déplacements en voiture et favoriser la création de quartiers où tout peut se faire à pied ou à vélo. De véritables petites villes créées de toutes pièces en l’espace de quelques années.
« C’est utopique de penser qu’il y en aura 155 », nuance toutefois Florence Paulhiac, de la Chaire sur les Innovations en stratégies intégrées transport-urbanisme de l’université du Québec à Montréal (UQAM). Quelques dizaines, ce serait déjà un bon point de départ, selon elle.
UN « CENTRE-VILLE » À TERREBONNE
Le petit dernier de ces projets : celui du promoteur REZ Immobilier, qui rêve de créer un nouveau quartier à Terrebonne, en bordure de l’autoroute 25. Localisé à la croisée des autoroutes 40 et 640, le projet s’intégrera à un secteur en plein boom socio-économique.
École, bureaux, logements destinés autant aux jeunes familles qu’aux aînés, parcs et lieux de divertissements, rien n’a été exclu des plans, explique Herbert Nunes, vice-président, Développement Québec de Réseau Sélection et REZ Immobilier. « Quand on regarde Toronto, Vancouver, Londres ou San Francisco, on voit que ces villes ont pris le pari d’avoir d’autres centres autonomes, en dehors du centre-ville principal. C’est ce qu’on envisage pour Terrebonne, un secteur qui offre tous les avantages de l’urbanité, mais à Terrebonne. On offre le meilleur des deux mondes, de l’enseignement supérieur, une offre culturelle, des emplois. Ça devient autonome. »
DES CRITIQUES
Mais, derrière toutes ces grandes promesses se cachent plusieurs limites.
Puisqu’ils sont conçus de toutes pièces par les promoteurs, les TOD sont souvent accusés de mener à l’embourgeoisement de certains secteurs dotés d’excellents accès au transport en commun, alors que les clientèles plus défavorisées bénéficieraient davantage de cette proximité, explique Florence Paulhiac. « Il y a des risques aux projets de TOD. Parmi eux: à quel type de population on s’adresse? Quel logement on offre et à quel prix? La question de la diversité est vraiment importante. »
« C’est pas parce qu’on fait un projet dense et près d’une gare que c’est un bon TOD. »