Des fraudeurs sans pitié visent les demandeurs d’asile
Les autorités ont récemment reçu 140 plaintes de victimes d’une tentative d’extorsion
OTTAWA | Des fraudeurs visent des demandeurs d’asile dans une nouvelle arnaque d’une ampleur rarement vue. Ils leur extorquent de l’argent en prétendant représenter un tribunal de l’immigration, allant jusqu’à les menacer d’expulsion.
Depuis le 7 décembre, la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada (CISR) a reçu pas moins de 140 plaintes de personnes disant avoir été la cible d’une tentative d’extorsion visant particulièrement les demandeurs d’asile. Plusieurs proviennent du Québec.
« Des demandeurs d’asile reçoivent des appels de fraudeurs disant qu’ils sont des représentants de la CISR, qu’ils sont présentement sous enquête et qu’ils nous doivent de l’argent dans le cadre de leur dossier […] Depuis le début de décembre, on reçoit une quantité sans précédent de plaintes », détaille la porte-parole de l’organisme Line Guibert-wolff.
Si des fraudes concernant les immigrants ne datent pas d’hier, c’est la première fois que les arnaqueurs prétendent être issus de la CISR afin d’extorquer les personnes ayant des audiences devant la Commission, souligne Mme Guibert-wolff.
NOUVEAUX VENUS
La CISR est le plus important tribunal administratif du pays et tranche notamment dans les dossiers de demande d’asile. Cet organisme reçoit entre autres les demandes des migrants qui ont traversé en masse la frontière canadienne l’été dernier.
Les demandeurs d’asile sont souvent arrivés depuis peu au pays. Leur mauvaise compréhension de la langue, de la société et de leurs droits en font des victimes de choix ( voir autre texte).
Mme Guibert-wolff indique que si une centaine de personnes à travers le pays ont porté plainte dans les derniers jours, cela veut dire qu’il y en a beaucoup plus qui ont reçu des appels et que certains ont plié aux demandes des escrocs.
MENACE D’EXPULSION
La façon dont les fraudeurs réussissent à cibler aussi bien les demandeurs d’asile n’est pas encore claire, mais le Centre antifraude du Canada (CAFC) estime qu’ils se servent de registres publics pour trouver et contacter leurs cibles ( voir ci-contre).
Dans la majorité des cas, les arnaqueurs exigent au moins 1000 $ à la victime en prétextant que si elle ne paye pas, son dossier sera refusé et elle sera soit emprisonnée soit carrément expulsée du pays, explique Alain Boomhour, du CAFC. Certaines victimes y auraient laissé jusqu’à 10 000 $.
« Parfois, les fraudeurs vont jusqu’à parler dans la langue maternelle de la victime pour rendre leur appel plus crédible et mieux se faire comprendre […] Les victimes sont souvent de nouveaux arrivants et comprennent mal nos lois et le fonctionnement du système, donc elles ont peur et elles payent », explique M. Boomhour.