Le Journal de Quebec

Patron des trains et actionnair­e de Bombardier

Raymond Bachant, qui dirige le RTM, refuse de préciser combien d’actions il détient chez son principal fournisseu­r

- ALEXANDRE ROBILLARD

Le patron des trains de banlieue à Montréal est actionnair­e de Bombardier, le principal fournisseu­r de son organisati­on, et il refuse de divulguer les détails de sa situation.

Notre Bureau d’enquête a découvert que Raymond Bachant (ne pas confondre avec l’ex-ministre libéral Raymond Bachand), directeur général du Réseau de transport métropolit­ain (RTM) depuis juin, détient des actions de Bombardier, une entreprise dont il a été le président Amériques jusqu’en avril 2016.

La situation est particuliè­re, car Bombardier a été pendant 15 ans l’unique entreprise à décrocher des contrats pour l’approvisio­nnement de locomotive­s et de voitures de trains de banlieue. Bombardier entretiend­ra aussi la flotte du RTM pour les huit prochaines années en vertu d’un contrat de 331 millions $ signé en novembre 2016.

Trois experts en éthique s’inquiètent de cette apparence de conflit d’intérêts. En entrevue, M. Bachant a confirmé être encore actionnair­e de Bombardier, sans fournir de détails sur ses intérêts dans l’entreprise. « On ne parle pas de gros montant. Ce n’est même pas dans les six chiffres. »

LA PRÉSIDENTE PAS AU COURANT

Le nouveau directeur général du RTM plaide que la faiblesse du cours boursier de Bombardier complique la vente de ses titres. « C’est quelque chose qui me reste. »

À son départ de Bombardier, il y a plus d’un an, M. Bachant détenait toujours 40 639 actions de la compagnie, selon un registre public. Au cours actuel, elles vaudraient environ 125000 $.

La présidente du conseil d’administra­tion du RTM, Josée Bérubé, ignorait que M. Bachant avait encore des actions de l’entreprise dans son portefeuil­le. « Je ne suis pas au courant du tout », a-t-elle dit. Dans une deuxième entrevue, Mme Bérubé a affirmé que la situation de M. Bachant était conforme au code d’éthique du RTM. « Il a l’entière confiance de la présidente et des membres du CA », dit-elle.

Selon Mme Bérubé, aucune dispositio­n particuliè­re n’a été prise contre une éventuelle apparence de conflit d’intérêts.

PAS QUESTION DE DIVULGUER

Le RTM n’a pas donné suite à une demande de divulgatio­n de la déclaratio­n d’intérêts de M. Bachant. Une porte-parole a indiqué que le code d’éthique permet à M. Bachant de détenir un nombre marginal d’actions de l’entreprise.

De son côté, M. Bachant assure qu’il n’avait pas été impliqué dans le contrat d’opération et d’entretien. Quant à sa gestion, il soutient qu’une équipe du RTM en a la charge. « Bombardier est traité au même titre que tous nos partenaire­s. »

En octobre, nous révélions qu’à l’époque où il travaillai­t pour Bombardier, M. Bachant avait couvert de cadeaux des dirigeants de L’AMT, l’organisati­on qui a été remplacée par le RTM. Alors candidate à la mairie, Valérie Plante avait demandé à être rassurée par M. Bachant.

– Avec la collaborat­ion de Hugo Joncas

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ?? Le patron du Réseau de transport métropolit­ain, Raymond Bachant (à droite), est actionnair­e du principal fournisseu­r de son organisati­on, Bombardier. Cette entreprise effectuera l’entretien des trains de banlieue (ci-dessus) pour au moins les huit...
PHOTOS D’ARCHIVES Le patron du Réseau de transport métropolit­ain, Raymond Bachant (à droite), est actionnair­e du principal fournisseu­r de son organisati­on, Bombardier. Cette entreprise effectuera l’entretien des trains de banlieue (ci-dessus) pour au moins les huit...

Newspapers in French

Newspapers from Canada