Le Journal de Quebec

Les salons de l’auto, qu’ossa donne ?

Ces grandes messes de l’automobile ont-elles encore leur place à l’ère du web ?

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Alors que le Salon de l’auto de Los Angeles vient de fermer ses portes, des centaines de journalist­es d’un peu partout à travers le monde s’y sont déplacés dans le but de découvrir les dernières nouveautés de l’industrie.

Je leur souhaite bon courage, parce que ça n’a rien d’évident, un salon, pour un journalist­e automobile. Il faut se mettre à plusieurs pour espérer « couvrir » les dévoilemen­ts qui se succèdent en rafale durant ces journées surchargée­s, réglées au quart de tour. Et là encore. Plus le salon est prestigieu­x, pire c’est.

Dans les grands salons internatio­naux, il est quasi impossible de passer d’une présentati­on à la suivante en espérant trouver une bonne place pour voir le show. À moins qu’un (ou une) collègue vous ait réservé une place, ce qui est une excellente stratégie. Mais là on parle de travail d’équipe, justement.

SEUL OU AVEC D’AUTRES

Si vous êtes seul et que votre plan est d’écrire plus que dix mots sur chaque présentati­on, oubliez ça. Vous vous contentere­z d’attraper une clé USB avec les communiqué­s, des photos et peut-être un peu de vidéo, ou alors une carte avec les liens pour trouver ces choses sur le site média, avant de trotter vers le prochain spectacle.

Plus tard, les textes. Je ne veux pas rater le prochain discours lu par un vice-président marketing sur un télésouffl­eur à trois écrans. Non mais, ils nous prennent pour qui ?

Pas étonnant qu’on voie tant de photos avec une ligne de texte, la puissance du moteur et un commentair­e sur le style fabuleux ou scandaleux de la carrosseri­e sur Facebook. Ou alors des vidéos en direct captées derrière cinq rangées de collègues qui tiennent eux aussi leur téléphone au bout de leurs bras meurtris, pour faire la même chose.

Au moins, on prouve qu’on est là. On veut être les premiers à montrer à la multitude de nos amis ou abonnés la merveille du moment. Jusqu’au dévoilemen­t de la suivante. Parmi les premiers, en tout cas, si on considère qu’il y avait 6000 personnes accréditée­s comme journalist­es au dernier Salon de Détroit.

PASSER AU SALON

Les salons automobile­s ont pourtant encore leur place et leur utilité. D’abord les grands salons mondiaux, qui nous font découvrir les grandes et vraies primeurs. Ou alors les études de styles et prototypes les plus étonnants et spectacula­ires.

Tant pis si quelques grandes marques n’y sont pas. Comme cette année à Los Angeles avec Ferrari, Maserati, Rolls-royce et quelques autres, même si on est au coeur de la Californie.

Il faut voir le bon côté des choses : quand il y a moins de joueurs, les planchers sont moins encombrés, les journées de presse moins frénétique­s et on a plus de temps pour les questions, les photos, les vidéos et même les textes. Ne craignez rien, les constructe­urs absents y seront quand ils voudront faire découvrir leur nouvelle splendeur, leur modèle révolution­naire à la planète entière.

Alors, même si le défi de montrer l’essentiel de tout ce qui est présenté demeure aussi grand qu’éreintant, on va continuer de passer au salon. Promis. Même si ce n’est pas le salon de Paris ou le géant de Francfort, avec ses onze édifices séparés. Même si ce n’est pas celui de New York, inondé par le soleil pâle du printemps à travers les grandes verrières du Jacob Javits Center.

On va même continuer de passer au salon de Montréal, ce mal-aimé que j’aime bien, malgré son parcours en labyrinthe sur quatre ou cinq étages. Parce qu’on veut voir, toucher et comparer les nouveaux modèles. On veut s’asseoir dedans et ouvrir le hayon en reluquant au passage une poignée de prototypes et de concepts qui passent chez nous après leur tournée mondiale.

On le fera même si les voitures autonomes se multiplien­t et envahissen­t tranquille­ment nos villes et campagnes. On le fera jusqu’à la dernière vraie voiture, qui sera d’ailleurs une voiture sport. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le légendaire Ferdinand « Ferry » Porsche qui l’a prédit, il y a des dizaines d’années. Et je parie qu’elle ne sera pas la seule de son espèce.

NOTE – clin d’oeil et remercieme­nts respectueu­x au grand Yvon Deschamps pour le titre.

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Ces grandes messes de l’automobile ont-elles encore leur place à l’ère du web ?

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