Un Libano-canadien de retour en cour à Paris ?
Il est suspecté d’être mêlé à un attentat mortel en 1980
PARIS | (AFP) Trente-sept ans après l’attentat qui avait fait quatre morts devant une synagogue à Paris, le ministère public français demande que soit jugé l’unique suspect, le Libano-canadien Hassan Diab.
La justice parisienne a requis le renvoi du suspect de 64 ans devant une cour d’assises spéciale, seule habilitée à juger les crimes terroristes, estimant « les charges suffisantes », a-t-on appris hier de sources proches de l’enquête.
Dans son réquisitoire signé le 29 novembre, Paris relève cependant qu’il existe des « doutes » sur la présence de Diab dans la capitale française au moment des faits, selon une des sources. Il appartient désormais aux juges d’instruction de décider d’un procès.
QUATRE MORTS
Le 3 octobre 1980, à 18 h 40, une forte explosion retentit à la synagogue de la rue Copernic dans l’ouest de Paris. Dix kilos d’explosifs, dissimulés dans la sacoche d’une moto garée devant l’édifice, tuent quatre personnes et font une quarantaine de blessés.
Il s’agit alors du premier attentat mortel contre la communauté juive commis en France depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’enquête, l’une des plus anciennes encore en cours à Paris, attribue l’attentat, non revendiqué, au Front populaire de libération de la Palestine-opérations spéciales (FPLP-OS), un groupe né d’une scission du FPLP, et les renseignements français identifient en 1999 Hassan Diab comme celui qui a confectionné l’engin explosif.
Extradé en novembre 2014 du Canada, où il était devenu professeur universitaire en sociologie, il est inculpé et écroué. Il clame son innocence.
Pour justifier sa demande d’un jugement, la justice relève aujourd’hui plusieurs éléments à charge : « des notes de renseignement convergentes et réitérées », la ressemblance de Diab avec des portraits-robots, la découverte d’un passeport à son nom « avec des tampons attestant que son utilisateur a pénétré en Espagne à des dates parfaitement compatibles avec la commission de l’attentat ».
L’accusation met aussi en avant les comparaisons réalisées entre l’écriture de Diab et celle sur une fiche d’hôtel remplie par l’homme qui a acheté la moto, ou encore le témoignage d’un couple mettant en cause le suspect comme appartenant aux groupes palestiniens.
ALIBI
M. Diab assure toutefois qu’il se trouvait à Beyrouth au moment de l’attentat pour passer ses examens à l’université. En janvier 2016, il a donné au juge les noms de deux femmes ayant révisé les épreuves avec lui, qui ont corroboré sa version.
Son ex-épouse, Nawal Copty, a également affirmé qu’il était au Liban le 28 septembre 1980, cinq jours avant l’attentat.
Or, à cette date, le détenteur du passeport au nom de Diab se trouvait déjà en Europe d’après les tampons.
Ces éléments avaient conduit le juge d’instruction à « sérieusement douter » qu’il « soit le poseur de la bombe ».