Une nouvelle loi qui aura des dents
Le ministre des Forêts de la Faune et des Parcs, M. Luc Blanchette, a présenté vendredi dernier à l’assemblée nationale un projet de loi pour une révision en profondeur de la Loi sur la conservation de la faune et de ses habitats. Il veut que son ministère et les agents de protection de la faune puissent aller plus loin dans leurs interventions, en ayant en main les pouvoirs nécessaires.
« J’ai pu assister au démantèlement d’un réseau de braconniers où j’ai constaté combien les gens se réjouissent des interventions des agents qui mettent en échec des fraudeurs et des braconniers, commente le ministre. J’ai compris alors qu’il fallait doter le ministère d’une loi plus mordante, qui nous rendrait plus efficaces. Les honnêtes chasseurs, pêcheurs, piégeurs et amants de la nature ont le droit légitime de croire que nous sommes là pour protéger le faune et ses habitats, afin d’assurer la pérennité des espèces et des activités », ajoute le ministre dans une entrevue qu’il accordait au Journal.
Rappelant qu’il avait augmenté les effectifs des agents de protection de la faune de façon significative, le ministre a expliqué que ces derniers devaient avoir les outils nécessaires pour agir.
« Trop souvent, des gens étaient condamnés et au bout de deux ans, ils recommençaient tout simplement. Maintenant, nous allons faire en sorte que la loi serre vraiment la vis aux récidivistes. Si quelqu’un ne paie pas son montant d’amende qui est élevé, cela pourrait se traduire par un emprisonnement pour les infractions les plus graves. »
EFFICACITÉ ET MODERNITÉ
Le projet de loi présenté comporte trois objectifs principaux. On veut augmenter la capacité du gouvernement à intervenir contre le braconnage, agir plus efficacement pour protéger la faune et ses habitats et enfin moderniser les façons de faire afin de mieux répondre aux défis actuels en ce qui a trait à la conservation et la mise en valeur de la faune.
« La population québécoise s’attend à ce que le gouvernement protège mieux et plus efficacement la faune et ses habitats. Je suis très heureux de présenter ce projet de loi qui vise ultimement à pérenniser les activités fauniques pour que les générations futures en profitent, mais aussi pour que notre patrimoine soit préservé et que des retombées économiques continuent d’être générées par ce secteur dans toutes les régions du Québec. »
APPUI DE LA FEDECP
Pour le directeur général de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, Alain Cossette, la décision du ministre d’apporter des changements à la loi, dans la majorité des cas, reflète bien la philosophie de son organisation.
« Il est certain que dans les cas qui visent à éliminer les méthodes employées par des braconniers sans scrupule qui mettent en danger l’équilibre des populations des grands gibiers du Québec, on ne peut que saluer les intentions du ministre. Dans le dossier de l’augmentation des amendes, nous sommes d’accord dans le cas des infractions de braconnage lourd. Pour les infractions plus légères, souvent commises par erreur, par des gens qui ne sont pas des pêcheurs ou des chasseurs réguliers, il ne faut pas les augmenter. En bout de piste, ces nouveaux adeptes vont tout simplement abandonner la pratique de l’activité. Ils vont se dire pourquoi faire de la chasse ou de la pêche comme activités, si je risque de me prendre des amendes. Ils vont faire du ski ou d’autres activités où le spectre des amendes ne sera pas de la partie. »
La prochaine étape importante pour la Fédération, c’est la commission parlementaire.
« J’espère que nous allons être invités afin de pouvoir donner notre opinion sur certaines modifications que nous aimerions apporter comme celle de l’avis d’infraction, souhaite Cossette. Au lieu de toujours donner systématiquement des amendes, il faudrait que les agents puissent pouvoir utiliser leur jugement pour mieux évaluer la situation lorsqu’ils se présentent devant une personne qui aurait commis une infraction. Il faut faire la différence entre quelqu’un qui transgresse sciemment la loi et un nouvel adepte qui commet une erreur. Si nous voulons favoriser la relève, il faut tenir compte de cette question parce qu’il ne faut pas rebuffer les gens qui voudraient devenir des pêcheurs et des chasseurs. »