Toujours pas de protection pour la Magpie
Québec veut préserver le potentiel hydroélectrique d’une rivière au détriment d’une aire protégée
Le ministère des Ressources naturelles (MRN) veut préserver le potentiel hydroélectrique d’une rivière au détriment d’une aire protégée, même si Philippe Couillard a affirmé que l’ère des grands barrages était terminée.
Dans un échange de courriels obtenu par Le Journal, le ministère de l’environnement révèle que le projet d’aire protégée du bassin versant de la rivière Magpie, située sur la Côte-nord, a reçu un « avis défavorable [qui] réfère à un potentiel énergétique » provenant du MRN.
Ce courriel a été envoyé à la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) à la suite d’une demande d’information.
« OBSTRUCTION SYSTÉMATIQUE »
Pour Alain Branchaud, directeur général de la SNAP Québec, il s’agit carrément d’un travail « d’obstruction systématique d’aires protégées » de la part du ministère des Ressources naturelles. Le Québec préserve actuellement 9,38 % de son territoire, alors que sa cible est de 17 % en 2020.
M. Branchaud déplore cette situation, car il a reçu l’assurance du premier ministre Philippe Couillard, en août 2017, que la création d’aires protégées irait en s’accélérant. M. Couillard voulait rassurer la SNAP à la suite d’un article du Journal qui révélait que le Canada est en train d’échouer dans son engagement en matière de protection du territoire, notamment à cause du Québec.
« RESPECTER SES ENGAGEMENTS »
Dans cette lettre, M. Couillard indique que « le gouvernement mettra tout en oeuvre pour respecter ses engagements et que l’ensemble des ministères concernés a reçu des directives claires en ce sens ».
En septembre, le premier ministre déclarait aussi à New York la fin de l’ère des grands barrages. Quelques jours auparavant, le chef des affaires publiques d’hydro-québec, Serge Abergel, affirmait durant une manifestation éclair devant le siège social de la société d’état que la rivière Magpie « n’est plus dans notre plan stratégique » et que cette rivière-là, Hydro-québec « n’y touche pas ».
Pourquoi alors le MRN s’entête-t-il à protéger le potentiel hydroélectrique de cette rivière mouvementée prisée par les rafteurs, kayakistes et canoteurs ? Au MRN, on soutient que « l’avis sur le potentiel [hydroélectrique] n’a pas changé », mais qu’il n’y a pas de plan de développement « actuellement » sur la Magpie.
« La rivière, il y a toujours un potentiel. S’il y avait protection ou pas, n’empêche qu’il y a un potentiel. Mais ça ne fait pas partie de nos plans », a indiqué le porte-parole Nicolas Bégin. — Avec la collaboration
d’alexandre Robillard