Le nouveau chef du SPVM veut « faire le ménage »
Martin Prud’homme est accueilli en sauveur par les policiers montréalais et croit qu’il peut faire une différence
« Les gens me disent : “Merci d’être là, on est content, on veut que vous fassiez le ménage.” Ils sont tannés des problèmes. Faut que ça arrête. »
Martin Prud’homme a confié au Journal, hier, qu’il se posait « une grande question » lorsqu’il a consenti à laisser la direction de la Sûreté du Québec (SQ) pour prendre la tête de la police de Montréal, le 6 décembre : est-ce que les « Bleus » allaient l’accepter, lui, un « Vert » de la police provinciale, comme leader ?
Après tout, il s’agit d’une première dans les 174 ans d’histoire du plus important corps policier municipal au Québec.
« ON VA CORRIGER ÇA »
Il a sa réponse chaque fois qu’il va voir ses troupes pour se présenter, leur parler de sa vision du SPVM et les questionner sur leurs préoccupations.
On l’accueille en sauveur, en lui souhaitant la bienvenue par des applaudissements et des poignées de main qu’il estime « sincères ».
Mardi, une dizaine de ses enquêteurs ont même enfilé des chemises aux couleurs olive de la SQ pour dérider leur nouveau chef en le rencontrant pour la première fois.
« Je ne suis pas un sauveur, mais ça me touche profondément, a assuré celui qui dit porter fièrement son nouvel uniforme blanc et bleu. C’est le plus important pour moi. Si les gens n’acceptent pas ma vision, on n’avancera pas.
« Tu ne peux pas forcer une organisation de 6000 employés à te suivre. Là, on va pouvoir corriger la situation. On va ramener la confiance comme elle l’a déjà été ici à Montréal. »
REBÂTIR LA CONFIANCE
L’ex-enquêteur de l’escouade Carcajou admet qu’il y a « beaucoup de choses à régler » durant son mandat qui ne durera qu’un an.
Au sommet de sa liste, il y a l’urgence de « tourner la page » sur la crise des affaires internes et de rebâtir les liens de confiance entre les citoyens et le SPVM.
« Pour moi, c’est non négociable. Ça va prendre de la transparence et de l’honnêteté dans nos communications, à l’interne comme à l’externe. Il faut que les gens comprennent ce qu’on fait. »
ASSEZ, LES CHICANES
Le successeur de Philippe Pichet souhaite aussi mettre fin aux guerres intestines du SPVM, notamment entre des cliques de la gendarmerie et des enquêtes qui atteignent leur paroxysme tous les cinq ans lorsque vient le temps de trouver un nouveau directeur.
« Il faut arrêter ces chicanes-là en 2018. Ça nous fait reculer. Et les courses à la chefferie comme si c’était des partis politiques qui s’affrontaient, ça me dérange. Ça laisse des cicatrices après. »
En outre, Martin Prud’homme croit qu’il est « essentiel » d’assainir le climat qui prévaut dans cette organisation dont les bons coups restent souvent dans l’ombre des mauvais. « Depuis deux ou trois ans, on parle juste des problèmes du SPVM. Pourtant, le SPVM est un bon service de police. Si Montréal est une ville sécuritaire, c’est en grande partie grâce à ses policiers. Alors, c’est à tout ça que je vais m’attaquer. J’ai accepté de relever ce défi. Je pense que je peux faire une différence. »