Une tragi-comédie basée sur une réelle agression
Tonya Harding, c’est cette championne de patinage artistique accusée d’avoir fomenté l’agression de Nancy Kerrigan, sa rivale, afin de l’empêcher de participer aux Jeux olympiques de Lillehammer en 1994.
Moi, Tonya, présenté comme un faux documentaire biographique par le réalisateur Craig Gillespie ( Lars et l’amour en boîte), se veut également une tentative de réhabilitation de la sportive déchue. Pour ce faire, le scénariste Steven Rogers ( Kate et Léopold) mise sur l’humour souvent très grinçant.
C’est Lavona (Allison Janney), la mère de Tonya, qui la pousse à effectuer ses premiers « pas » sur la glace. C’est elle qui, à grand renfort d’insultes et de coups, au prétexte que sa fille patine mieux lorsqu’elle est en colère, pousse la petite fille vers les championnats.
Tonya est, comme elle le déclare elle-même, une « redneck », du « white trash ». Trapue, possédant un vocabulaire de charretier, cousant elle-même ses costumes de compétition, la sportive détonne au point de ne jamais obtenir les notes qu’elle mérite, même lorsqu’elle excelle sur la glace.
UN PARADOXE
Le paradoxe de Tonya est là. En privé, elle se fait battre par sa mère, puis par son futur mari Jeff Gillooly (Sebastian Stan). Elle répond coup pour coup à Jeff, pas à sa mère, et ne s’en laisse certainement pas conter par les juges des compétitions de patinage artistique.
Elle tempête, hurle, insulte, lève plusieurs doigts d’honneur et se révolte. À la fois insécure et férocement consciente qu’elle est capable du meilleur – la double championne olympique est devenue la première patineuse à réussir à effectuer deux triples axels en compétition –, Tonya est une force de la nature, dotée d’un instinct de survie impressionnant, qui se relève de tout.
Margot Robbie montre avec ce rôle qu’elle est capable de mieux. Se transformant à maintes reprises en Tonya – des vidéos de la vraie sportive sont montrées lors du générique de fin ce qui rend la comparaison d’autant plus intéressante – au point de communiquer ce mélange de rage et de douceur, l’actrice australienne de 27 ans fascine.
Allison Janney en Lavona, femme cynique, complètement décalée, mère violente et abusive, est assurée de rester gravée dans la mémoire des cinéphiles.
Ce n’est pas un hasard si elle a été nommée aux Golden Globes pour ce rôle qui sort de l’ordinaire.
Moi,tonya