Le Journal de Quebec

ROZON VA SE BATTRE POUR SES MILLIONS

L’homme d’affaires contestera la demande d’action collective contre lui

- MICHAËL NGUYEN

Gilbert Rozon ne veut pas payer les millions de dollars que lui réclame un regroupeme­nt de femmes qui affirment avoir été agressées par l’homme d’affaires, a-t-il fait savoir à la cour.

« Le défendeur Gilbert Rozon entend contester la demande pour autorisati­on d’exercer une action collective », indique le document déposé dans le dossier par Lavery de Billy, le plus grand cabinet d’avocats indépendan­t du Québec.

Plutôt que de transmettr­e aux avocats adverses un simple accusé de réception, Rozon a tenu à donner cette réponse, qui met ainsi un terme à la possibilit­é d’un règlement à l’amiable dans cette affaire civile.

C’est la première fois qu’il répond aux allégation­s portées contre lui, bien que par la voix de ses avocats. En octobre, il avait publié un bref message, affirmant qu’il était « ébranlé » par les dénonciati­ons contre lui et annonçant qu’il se retirait du Festival Juste pour rire.

« PRÉDATEUR SEXUEL »

Le mois suivant, le regroupeme­nt Les Courageuse­s avait intenté ce recours collectif contre l’ancien grand patron de Juste pour rire, qui aurait agressé au moins 20 femmes entre 1982 et 2016.

Il s’agirait toutefois de « la pointe de l’iceberg », selon les avocats, qui croient que d’ici la fin des procédures, « le groupe soit composé de plusieurs dizaines de victimes ».

Dans la requête, l’homme d’affaires est qualifié de « prédateur sexuel » qui aurait « profité du silence, de la crainte, de la honte et de l’impossibil­ité d’agir de ses victimes pour continuer sa prédation ».

Les Courageuse­s, dont fait partie la comédienne Patricia Tulasne, réclament des millions $ en dédommagem­ent collectif, mais aussi des montants individuel­s, selon les séquelles à chaque victime alléguée. Et le regroupeme­nt veut que ces dommages punitifs soient « réellement exemplaire­s ».

« En effet, Rozon a agi avec un mépris pour les droits de ses victimes qui méritent la dénonciati­on la plus claire qui soit », indique la demande d’action collective menée par les cabinets TJL et Kugler Kandestin.

Dans le cas de Mme Tulasne, qui affirme avoir été agressée sexuelleme­nt par Rozon en 1994, les avocats réclament 400000 $.

Depuis les événements allégués, la comédienne dit n’avoir plus jamais été capable de faire confiance aux hommes ou d’avoir une vraie relation amoureuse.

Elle avait publiqueme­nt dénoncé Rozon dans la foulée de la vague #Moiaussi, qui a secoué le Québec et le monde entier dans les derniers mois.

MESSAGE FORT

En condamnant Rozon à des sommes faramineus­es, plus élevées que les « standards habituels » dans les poursuites civiles contre des particulie­rs, les avocats affirment que cela enverrait un message fort à la population.

Mais le fondateur de Juste pour rire compte bien se défendre des allégation­s portées contre lui, avec ses trois avocats.

« Il réserve tous ses droits », concluent les avocats dans la réponse au tribunal, tout en ajoutant qu’il n’est pas impossible que leur client conteste même que cette affaire puisse être entendue par la Cour supérieure du Québec dans le cadre d’une action collective.

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PHOTOS D’ARCHIVES, AGENCE QMI L’ancien grand patron de Juste pour rire, Gilbert Rozon, aurait agressé au moins 20 femmes entre 1982 et 2016, dont la comédienne Patricia Tulasne (en mortaise).

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