Le Journal de Quebec

Ricardo comme premier ministre !

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Ainsi, Oprah Winfrey songe à se présenter à la présidence des États-unis.

Bof, pourquoi pas ? On a déjà un ex-animateur de téléréalit­é à la Maison-blanche et un ancien prof d’art dramatique au 24 Sussex, pourquoi pas une animatrice de talkshow d’après-midi ?

Qui sait ? Dans quelques années, on va peut-être avoir Ricardo comme PM du Québec.

Ou le pape de la Grande Messe du dimanche soir.

En politique, l’expérience est considérée comme un handicap.

PAS D’EXPÉRIENCE SVP

Si votre toilette est bloquée, qui allez-vous appeler pour la débloquer ?

Un croque-mort ? Un comptable agréé ? Probableme­nt pas. Vous allez appeler un plombier.

De même, si vous avez besoin d’être opéré, vous allez probableme­nt souhaiter que ce soit un chirurgien qui manipule le scalpel, et non un ébéniste ou un jardinier.

Mais quand vient le temps de choisir quelqu’un pour diriger un pays ou une province, c’est drôle, c’est comme si on voulait n’importe qui… sauf un politicien !

Quoi ? Un profession­nel chevronné qui connaît la machine et qui sait comment s’y prendre pour faire avancer un dossier à travers les dédales labyrinthi­ques du gouverneme­nt ? Pouah ! Je préfère voter pour le portier ou le gardien de sécurité du Parlement…

C’est quand même bizarre. Partout, dans tous les domaines, on se tourne vers des profession­nels pour effectuer un boulot. Sauf en politique. C’est le seul domaine où l’expérience est considérée comme un handicap.

On veut du nouveau. Un vent frais. Du changement.

Moins le candidat a d’expérience, mieux c’est.

LES PROFESSION­NELS DE LA PROFESSION

On est tellement écoeuré de la « politique politicien­ne » qu’on est prêt à voter pour n’importe qui — préférable­ment, quelqu’un qu’on a vu à la télé.

Et après ça, on se plaint qu’on accorde trop d’importance au contenant et pas assez au contenu... Duh ! Vous avez vu le film Lincoln, de Steven Spielberg ?

Si Abraham Lincoln a réussi à abolir l’esclavage, c’est qu’il était un fin renard, un vieux routier. Un « profession­nel de la profession ».

Il savait à qui parler et il savait comment s’y prendre. Il connaissai­t la machine comme le fond de sa poche.

Il ne venait pas de débarquer à Washington.

Il avait été représenta­nt à la chambre de l’illinois, représenta­nt de l’illinois à la chambre des représenta­nts des États-unis, il a été élu au Congrès, il a été candidat aux élections sénatorial­es, on lui a offert d’être gouverneur de l’oregon (offre qu’il a déclinée), il s’est présenté à la course au leadership du Parti républicai­n, etc.

Il a commencé sa carrière en politique en 1832, à l’âge de 23 ans. Et il a aboli l’esclavage en 1863, à 54 ans !

C’était un vieux politicien… Et alors ? C’est justement parce qu’il avait de l’expérience à revendre (et qu’il savait quels politicien­s contacter et quoi leur promettre pour réussir à « vendre » son idée) qu’il a transformé le visage de son pays !

Vous pensez qu’un nouveau venu aurait pu accomplir cet exploit ?

ON PITONNE

Qui sait ? À force de regarder la télé, on a peut-être fini par croire que la vie est un show.

Tu votes pour une personnali­té, et si elle te déçoit, tu prends ta télécomman­de et tu changes de poste.

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