Plusieurs imperfections auraient mené à l’explosion
SHERBROOKE | L’avocat du conducteur de train croit que la tragédie est le résultat de plusieurs imperfections, qui ne sont pas uniquement attribuables à Tom Harding.
La semaine dernière, les avocats des deux autres accusés, Richard Labrie et Jean Demaître, ont tenté de disculper leur client en mettant la faute sur Tom Harding.
L’avocat du conducteur compare plutôt son client à une tranche de fromage suisse dans laquelle il y avait un trou, comme c’était le cas pour celles du bloc au complet.
Pour Me Charles Shearson, les trous des blocs de fromage ont formé une trajectoire qui a ouvert la voie à la catastrophe de Lac-mégantic, dont il ne minimise pas les conséquences.
« Il y a tellement de facteurs », a-t-il dit aux membres du jury.
Par exemple, il a noté que, dans un monde parfait, le système de freinage d’urgence de la locomotive à la tête du convoi de pétrole aurait été fonctionnel.
Les freins de pénalité auraient alors empêché le train de dévaler la pente et de dérailler à 101 km/h au centre-ville de Lac-mégantic, le 6 juillet 2013.
MIEUX ÉVALUER LES RISQUES
De plus, le convoi de pétrole n’aurait pas été garé dans la voie ferrée principale à Nantes, à une quinzaine de kilomètres de Lac-mégantic, mais plutôt dans la voie d’évitement, qui était réservée aux clients de la MMA.
La compagnie aurait mieux évalué et encadré les risques.
C’est sans oublier le feu qui s’est déclaré dans la cheminée de la loco- motive de tête, le soir du 5 juillet 2013, dont même l’expert Stephen Callaghan n’a pu en déterminer la cause.
Me Shearson a également déploré que l’expert avait reçu un mandat limité des policiers de la Sûreté du Québec qui, aussi compétents soient-ils, n’avaient pas d’expérience dans les enquêtes liées aux accidents ferroviaires.
« Ils ont limité les conclusions dont il pouvait tirer en limitant l’information dont il pouvait obtenir », a contesté l’avocat.
C’est Tom Harding lui-même qui a formé le policier Denis Soulard de la SQ, le lendemain de l’explosion, en lui donnant un « cours 101 » sur les trains.
Me Shearson a relevé que son client n’a jamais caché le nombre de freins à main qu’il avait appliqués, mais cette faute ne serait pas représentative de tout son comportement.