Le Journal de Quebec

Le gouverneme­nt canadien n’est pas prêt, dit le syndicat des douaniers

- MAXIME HUARD

OTTAWA | Alors que près de 200 000 Salvadorie­ns se sont vu retirer leur statut temporaire aux États-unis hier, le gouverneme­nt fédéral n’est pas prêt à gérer un nouvel afflux de migrants, a mis en garde le syndicat des douaniers et de l’immigratio­n.

« Pour avoir parlé aux agents sur le terrain, je peux vous dire qu’on est très inquiets. Nous sommes estomaqués de voir que l’agence des services frontalier­s du Canada (ASFC) n’a toujours pas annoncé de nouvelles mesures pour l’été prochain », a déploré en entrevue le président du syndicat, Jean-pierre Fortin.

La vague de migrants à la frontière canadienne en 2017 a été causée par le non-renouvelle­ment du permis de résidence temporaire de 58 000 Haïtiens qui étaient accueillis aux États-unis depuis le séisme de 2010. D’ici septembre 2019, près de 200 000 Salvadorie­ns perdront à leur tour un statut spécial octroyé en 2001 et devront quitter le sol américain, un nombre trois fois plus imposant qui inquiète le syndicat des douaniers.

« L’ASFC n’est pas prête, loin de là. Au pire de la crise l’été dernier, nous hébergions 1300 personnes par jour sur le terrain à Lacolle », a constaté M. Fortin.

L’été dernier, le gouverneme­nt avait envoyé dans la région des agents additionne­ls, en plus de fournir au poste-frontière de Lacolle des remorques pouvant abriter 200 migrants. Ces ressources temporaire­s demeurent insuffisan­tes, selon le président du syndicat.

En excluant le mois de décembre, pour lequel les données ne sont pas disponible­s, 16 920 demandeurs d’asile ont été appréhendé­s à la frontière au Québec en 2017. Au mois d’août seulement, 5530 personnes ont été intercepté­es.

RETOUR SOUHAITÉ DE 1200 POSTES

Pour faire face à un afflux potentiell­ement plus élevé l’été prochain, le syndicat demande le retour de 1200 postes abolis à L’ASFC sous le gouverneme­nt Harper, la permission d’accueillir les migrants à la base militaire de Saint-jean-sur-richelieu ainsi que la création d’une patrouille frontalièr­e.

Un représenta­nt du cabinet du ministre de l’immigratio­n, Hursh Jaswal, a assuré que le gouverneme­nt « demeure prêt pour toute fluctuatio­n future », se contentant de préciser que le ministère avait un plan « pour gérer les scénarios possibles ».

Immigratio­n Canada poursuit d’ailleurs une campagne de sensibilis­ation entamée en 2017 afin que les communauté­s concernées aux États-unis connaissen­t bien les lois canadienne­s en matière d’immigratio­n. À cette fin, le député Pablo Rodriguez se rendra en Californie la semaine prochaine, sa quatrième visite au sud de la frontière dans les derniers mois.

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