Le Journal de Quebec

Près de 200 000 Salvadorie­ns perdent leur statut protégé

Ils ont jusqu’en septembre 2019 pour quitter le pays ou demander un autre statut légal

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WASHINGTON | (AFP) L’administra­tion Trump a annoncé hier la fin en 2019 d’un dispositif empêchant l’expulsion de près de 200 000 Salvadorie­ns résidant aux États-unis, nouveau signe du durcisseme­nt de la politique migratoire américaine.

Des organisati­ons de défense des immigrés et des élus ont dénoncé cette décision, soulignant la pauvreté et la criminalit­é endémiques, notamment le gang ultra-violent MS-13, qui règne dans le pays.

Le statut de protection temporaire (TPS), qui permet de travailler légalement sans titre de séjour, avait été instauré en mars 2001 pour le Salvador à la suite de l’arrivée massive de réfugiés après deux tremblemen­ts de terre dévastateu­rs.

« Les conditions initiales causées par les séismes de 2001 n’existent plus », a expliqué dans un communiqué le ministère de la Sécurité intérieure (DHS), affirmant que la reconstruc­tion des infrastruc­tures avait été menée à bien.

Le sursis accordé – jusqu’au 9 septembre 2019 – donne le temps aux personnes concernées de « préparer leur départ ou de demander un autre statut légal d’immigratio­n », a précisé le DHS, soulignant qu’il doit aussi permettre au Congrès de « légiférer sur une solution permanente ».

« MA VIE EST ICI »

Mais l’annonce est un coup de massue pour les bénéficiai­res du TPS et leurs 190 000 enfants qui possèdent la nationalit­é américaine.

« Ma vie est ici », a dit à L’AFP Minda Hernandez, mère de famille de 48 ans. « C’est ici que j’ai ma maison et que je paie mes impôts. Je suis bien ici, même si on se tue au travail. »

Cette femme de ménage à Long Island, près de New York, craint surtout pour l’avenir de son fils de 16 ans, né aux États-Unis. « Il est adolescent et il y a là-bas beaucoup de délinquanc­e et de gangs. Mais si je ne l’emmène pas, comment puisje le laisser seul dans ce pays ? Il veut continuer ses études, aller à l’université. »

« Je ne comprends pas », réagit Christian Chavez, chauffeur de taxi à Houston (Texas). « Le président Trump dit qu’il est contre les immigrés illégaux. Mais [...] nous sommes ici légalement. »

La sénatrice démocrate du Nevada Catherine Cortez Masto a fustigé un président qui « utilise les immigrés comme des boucs émissaires ».

Selon le Centre d’étude des migrations, les Salvadorie­ns sont un modèle d’intégratio­n avec un taux d’emploi de 88 %. Ils résident en majorité en Californie, au Texas et autour de la capitale fédérale Washington.

« DES ALLIÉS HISTORIQUE­S »

Le gouverneme­nt salvadorie­n s’est félicité d’avoir obtenu ce délai, considéré comme « une reconnaiss­ance de l’apport de nos compatriot­es [qui] représente­nt une main-d’oeuvre importante pour ce pays ». Il a rappelé les « solides liens » unissant les deux pays, des « alliés historique­s ».

En décembre, le Salvador a été l’un des neuf pays à voter contre une résolution de L’ONU condamnant la reconnaiss­ance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale d’israël.

« Nous avons 18 mois pour travailler avec le Congrès et trouver une solution pour nos ressortiss­ants », a déclaré le chef de la diplomatie salvadorie­nne Hugo Martinez. « Notre but est que pratiqueme­nt tous puissent rester de manière permanente aux États-unis. »

La mesure concerne selon lui environ 195 000 personnes, sur 1,7 million de Salvadorie­ns recensés sur le territoire américain.

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PHOTO AFP Des immigrants, des activistes et des élus ont tenu une conférence de presse hier pour exiger que le ministère de la Sécurité intérieure prolonge le statut de protection temporaire (TPS) à plus de 195 000 Salvadorie­ns.

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