Des livreurs de mazout viennent en aide à des clients privés de chauffage
Les grandes pétrolières ne fournissent pas à la tâche en raison de la pénurie de main-d’oeuvre
Des Québécois se chauffant à l’huile délaissés par les grandes pétrolières en pleine période de froid ont été « secourus » par des PME de chez nous prêtes à tout pour les aider.
« Il y avait des gens qui n’étaient pas capables de rejoindre Ultramar dimanche. Ça faisait deux semaines qu’ils attendaient leur livraison », affirme Robin Bélanger, propriétaire de Mazout Bélanger, à Mirabel.
Selon lui, les gros joueurs de l’industrie n’ont pas pu livrer de l’huile à leurs clients biénergie qui ont eu soif durant les Fêtes, en raison du manque de camions et de main-d’oeuvre.
Résultat, l’homme à la tête d’une flotte d’une vingtaine de camions leur a arraché 250 clients en quelques jours. « On est allé chercher quelques centaines de nou- veaux clients d’ultramar, Pepco, Norco et Sonic », partage celui qui a fait rentrer ses employés les fins de semaine et leur a donné des bonus.
CRISE À QUÉBEC
À Québec, Groupe F. Dufresne possède cinq camions sur la route, livrant du mazout jour et nuit. Pendant la période des Fêtes, l’entreprise a reçu plus de 1000 appels par jour uniquement dans la grande région de Québec.
Pire encore, la PME gère carrément les urgences depuis le début de la crise. « On est au maximum de notre capacité. Tous nos camions sont sur la route. Nous avons rapatrié des chauffeurs qui étaient à la retraite », indique Gabriel Bérubé-pelletier, directeur des communications.
Pour ce qui est de la livraison sur demande, l’entreprise affiche un délai de 10 jours, alors qu’en temps normal, le mazout est livré le jour même.
Le Groupe Filgo-sonic, l’un des plus grands acheteurs de produits pétroliers au Québec, a dit au Journal qu’aucun de ses clients ne s’était retrouvé à court d’huile au point de ne pas pouvoir se chauffer… tout en disant sur le bout des lèvres que les délais de livraison étaient plus longs.
« Durant les périodes de très grands froids, comme on en connaît en ce moment, les délais passent de 48 h à cinq jours maximum », dit Manon Leenhardt, conseillère en communication de la société ayant son siège social à Sainte-marie-de-beauce.
DU RENFORT
Fait inhabituel, Dominic Beauchemin de Mazout & Propane Beauchemin, situé à Saint-jean-sur-richelieu, confie même qu’une grande pétrolière lui a fait un appel à l’aide. « Un des directeurs de Valero, qui est Ultramar, m’a appelé pour me demander si je pouvais faire ses clients parce qu’ils ont des jours de retard et pensent que des milliers d’entre eux risquent d’être dans le trouble », lance-t-il, comparant la situation à la crise du verglas.
Non seulement M. Beauchemin a dû passer de 13 à 18 camions, mais l’entrepreneur a osé demander à son père de… rentrer de Floride pour venir l’aider. « J’ai coupé mes vacances. Mon fils m’a appelé. Il m’a dit : “On manque d’effectifs. Va falloir venir aider. Va falloir que tu conduises un camion” », explique l’homme de 75 ans, venu en renfort.
Les affaires sont peut-être bonnes pour les PME, mais les choses sont différentes pour les consommateurs qui vont devoir payer plus du double pour se chauffer. « Les gens sont à bout de souffle. Côté facture, l’hiver est censé être fini… mais il ne fait que commencer », conclut-il.
Malgré une demande d’entrevue, Ultramar n’a pas rappelé le Journal. – Avec la collaboration
de Diane Tremblay