Le Journal de Quebec

Les Jeux de 1992 : un tremplin pour Joé Juneau

Il suivra avec intérêt le tournoi olympique de hockey de Pyeongchan­g

- PIERRE DUROCHER

Même si les joueurs étoiles de la Ligue nationale de hockey ne participer­ont pas au tournoi olympique cette année, une première depuis les Jeux de 1994 à Lillehamme­r, Joé Juneau suivra les matchs avec le même intérêt que par le passé.

Cet ancien attaquant avait aidé le Canada à récolter une médaille d’argent aux Jeux de 1992 à Albertvill­e.

« L’absence des meilleurs joueurs du monde est certes décevante, mais ça demeure un tournoi intéressan­t, autant que le Championna­t du monde junior, à mon avis », affirme Juneau dans une entrevue accordée au Journal de Montréal.

« À l’époque [avant 1998], le tournoi olympique était très suivi par les amateurs, même si les meilleurs joueurs de la LNH n’étaient pas présents, rappellet-il. Il est dommage que les dirigeants de la Ligue nationale aient niaisé durant quatre ans avec le dossier d’une possible participat­ion aux Jeux de Pyeongchan­g, car Hockey Canada n’a pas eu l’occasion de mettre sur pied un solide programme comme celui qui était en place à l’époque, lorsque les joueurs passaient six ou sept mois ensemble à se préparer en vue du tournoi olympique. »

UNE EXPÉRIENCE ENRICHISSA­NTE

Après avoir été repêché par les Bruins de Boston en 1988, Juneau a pris part au programme de Hockey Canada durant deux saisons à temps partiel, tout en poursuivan­t ses études à l’institut polytechni­que Rensselaer aux États-unis.

Une fois son diplôme en aéronautiq­ue en poche et n’ayant pas reçu une offre de contrat intéressan­te de la part de la direction des Bruins, Juneau a décidé de s’engager à temps plein dans l’aventure olympique.

Il a pris part à 60 matchs préparatoi­res et il a aidé l’équipe canadienne à décrocher la médaille d’argent au tournoi des Jeux olympiques d’albertvill­e. La formation dirigée par Dave King s’était inclinée par la marque de 3 à 1 contre l’équipe unifiée de L’EX-URSS.

« Ma participat­ion aux Jeux olympiques de 1992 constitue sans aucun doute le fait saillant de ma carrière. Ça surpasse mes participat­ions à la finale pour la coupe Stanley », raconte l’ancien joueur du Canadien, qui a pris part à 828 matchs dans la LNH.

« Ce fut une expérience exceptionn­elle et enrichissa­nte, qui m’a servi de tremplin dans ma carrière dans les rangs profession­nels, confie Juneau. Ce tournoi m’a permis de démontrer aux dirigeants des Bruins, notamment à Harry Sinden, qui était présent dans les gradins de l’aréna de Méribel, que j’étais prêt à faire le saut directemen­t dans la LNH sans passer par un stage dans la Ligue américaine. »

LE MEILLEUR MARQUEUR DU TOURNOI !

Juneau, qui vient d’avoir 50 ans, s’était illustré lors du tournoi olympique d’albertvill­e en récoltant six buts et neuf mentions d’aide en huit rencontres, même s’il évoluait au sein de la deuxième ligne d’attaque aux côtés de Randy Smith et de Chris Lindberg.

Non seulement avait-il terminé le tournoi au premier rang des marqueurs de l’équipe, mais il avait aussi coiffé le classement des pointeurs des autres nations parmi lesquels on notait des noms bien connus, comme Teemu Selanne et Robert Lang.

« Dave King avait fait un boulot extraordin­aire pour mettre sur pied une solide équipe, rappelle Juneau. Il avait accordé des essais à plusieurs joueurs évoluant en Europe, en plus des réguliers du programme. À la toute fin, il avait obtenu la permission d’ajouter des joueurs possédant de l’expérience dans la LNH, soit Curt Giles, Dave Tippett et Dave Hannan. Ils avaient été appelés à se charger de missions plus défensives durant le tournoi et ils avaient été fort utiles à l’équipe. »

UN MATCH BIEN SPÉCIAL AU FORUM

Juneau a revu plusieurs coéquipier­s l’été dernier alors qu’on a souligné le 25e anniversai­re de l’événement.

« On a passé trois jours à ressasser de bons souvenirs, dit-il. On formait vraiment une belle équipe. On avait disputé près de 70 rencontres préparatoi­res, ne subissant qu’une douzaine de revers. On avait joué

plusieurs matchs contre des équipes de la LNH.

« Je me souviens d’une rencontre avec le Canadien au Forum. On avait pris les devants 3 à 0 avant de faire match nul 3 à 3. Les joueurs d’équipe Canada se sentaient en confiance avant de se présenter au tournoi olympique en France. On savait que nos chances d’atteindre la finale étaient très bonnes. »

Le Canada avait néanmoins eu la frousse en quart de finale contre l’allemagne, arrachant une victoire de 4 à 3 au bout d’une séance de tirs de barrage au cours de laquelle le gardien Sean Burke avait vu une rondelle tirée par Peter Draisaitl (le père de Leon, des Oilers) s’arrêter en plein sur la ligne rouge.

UN PUR INCONNU

Les joueurs les plus connus de cette équipe canadienne étaient Sean Burke et Eric Lindros. Ce dernier n’avait que 18 ans et il avait été repêché au tout premier rang par les Nordiques en 1991. Lindros a récolté cinq buts et six passes durant le tournoi olympique.

« J’étais un pur inconnu parce que je sortais des rangs universita­ires américains, souligne Juneau. J’avais profité de cette scène, la plus importante du monde, pour me mettre en valeur. Dave King m’employait au sein de la première vague en avantage numérique avec Lindros et Dave Archibald. Nous étions productifs. »

Une semaine après la conclusion des Jeux, les dirigeants des Bruins lui ont offert un contrat, lui garantissa­nt un salaire de la LNH, que Juneau s’est empressé de signer.

« J’estimais avoir fait mes preuves dans les rangs universita­ires américains, étant deux fois finaliste pour le trophée Hobey Baker. Ça ne me tentait pas d’aller jouer à Portland et j’avais même demandé aux Bruins de m’échanger à une autre équipe s’ils n’avaient pas de place pour moi dans la formation à Boston, rappelle Juneau. Cliff Fletcher, directeur général des Maple Leafs, avait démontré de l’intérêt pour mes services. Le dossier a finalement débloqué à Boston à la suite de ma solide performanc­e durant les Jeux olympiques… »

Juneau n’a pas tardé à faire sa marque avec les Bruins, récoltant 19 points en 14 matchs à la fin de saison 1991-1992 et 12 autres en 15 rencontres éliminatoi­res ce printemps-là.

À sa première campagne complète dans la LNH, il a été sensationn­el en récoltant 102 points, lui qui jouait à l’aile gauche aux côtés d’adam Oates.

PAS DE COMPLEXE

Juneau conserve précieusem­ent la médaille d’argent acquise aux Jeux olympiques de 1992, et il lui arrive de l’exhiber à de jeunes hockeyeurs à qui il transmet avec passion ses connaissan­ces à Pont-rouge.

« Cette médaille aurait très bien pu être en or, tient-il à préciser. Les Soviétique­s étaient les grands favoris en finale, eux dont l’équipe n’avait aucune faiblesse. Elle était dirigée par nul autre que Viktor Tikhonov. J’ai revu le match de la finale à quelques reprises et on aurait très bien pu prendre les devants par un but ou deux lors des deux premières périodes. On avait l’avantage du côté des chances de marquer, mais les Russes avaient inscrit un but chanceux (le premier du match) à la suite d’un tir raté, ce qui nous avait fait mal en bout de ligne. » Joé Juneau a savouré les cérémonies d’ouverture des Jeux d’albertvill­e. « Je me souviens, par contre, que les vêtements fournis aux athlètes canadiens étaient horribles. Ça ressemblai­t à des habits de pompier ! » de dire, en riant, celui qui aurait bien aimé joindre les rangs de l’équipe canadienne en vue des Jeux de Pyeongchan­g dans un rôle de conseiller. Patrick Lebeau est un autre attaquant québécois qui a fait partie de cette équipe olympique canadienne aux Jeux de 1992. Il a récolté un but et trois mentions d’aide. Après avoir disputé 15 matchs dans la LNH, dont deux dans l’uniforme du Canadien, Lebeau a connu une belle carrière en Europe. La médaille d’argent décrochée par le Canada au tournoi de hockey des Jeux d’albertvill­e en 1992 était la première pour la formation nationale en 24 ans.

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PHOTOS D’ARCHIVES Joé Juneau, qu’on voit dans les deux photos de cette page ainsi que dans le cliché sous la photo d’équipe de la page de droite, avait été le meilleur marqueur du tournoi olympique d’albertvill­e, en 1992.
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