Une promotion plus qu’une compensation
Loblaw tirera profit des 25 $ offerts, disent des experts
Le programme de cartes-cadeaux proposé par Loblaw pour dédommager les victimes du cartel du pain a davantage l’allure d’une promotion que d’une compensation, selon des experts et des consommateurs.
« Ce qu’a réussi à faire Loblaw, c’est de tourner quelque chose de déplorable en un coup marketing, ce qui est, je dois dire, assez astucieux », souligne le professeur émérite à HEC Montréal Jacques Nantel.
À la fin de l’an dernier, le géant de l’alimentation Loblaw et la compagnie de pains Weston ont admis avoir pris part à un stratagème pour faire gonfler les prix du pain entre 2002 et 2015.
Afin de se racheter, Loblaw offre depuis lundi une carte-cadeau de 25 $ à tous les clients admissibles (voir ci-haut).
« Autrement dit, Loblaw fait d’une pierre deux coups : ils effacent leur erreur tout en faisant un coup marketing, mentionne M. Nantel. Et vous savez quoi ? Je pense que ça va marcher. Je suis convaincu qu’ils vont réussir à noyer le poisson. »
L’avocat responsable du recours collectif intenté dans cette affaire, Joey Zukran, partage le même avis.
« Loblaw dit : “donnez-nous votre nom, votre date de naissance, votre courriel, votre adresse et venez dépenser 25 $ chez nous”. Ça montre un peu l’élément promotionnel et non pas légal de tout ça. C’est pour ça qu’on se questionne et qu’on trouve ça scandaleux », a-t-il expliqué en entrevue à l’émission de Mario Dumont.
VIE PRIVÉE
Des consommateurs rencontrés par Le Journal hier s’inquiétaient d’ailleurs de la protection de leur vie privée.
« J’aurais bien voulu avoir les 25 $, mais je ne vais pas donner toutes mes informations personnelles pour ça, disait Louise Leblanc. Je ne veux pas me ramasser à recevoir plein de publicités chez moi. »
Sur le site de son programme, Loblaw indique qu’il n’utilisera pas les renseignements des consommateurs pour leur proposer des produits, « sauf si nous avons déjà obtenu votre consentement ».
Selon Jacques Nantel, les gens n’ont pas à s’inquiéter de l’utilisation de leurs informations… du moins à court terme.
« Dans deux ou trois ans, Loblaw va s’en aller progressivement vers l’intégration du commerce électronique à son offre actuelle, estime le professeur. C’est là que les informations personnelles pourraient être utilisées pour cibler une clientèle pouvant être intéressée par des achats web. »