Le Journal de Quebec

La SQ s’attaque aux meurtres non résolus

Le corps policier va ajouter une vingtaine d’experts à son escouade des crimes contre la personne

- VALÉRIE GONTHIER

La Sûreté du Québec entend redoubler d’efforts pour élucider ses dossiers de meurtres non résolus et quintuple les effectifs de son escouade spéciale, qui devient ainsi une des plus importante­s en Amérique du Nord.

« Avec l’équipe qui grossit, on va avoir beaucoup plus de suspects dans notre mire. Il y a maintenant plus de criminels qui pensaient pouvoir dormir tranquille qui risquent de se faire attraper », lance avec assurance le sergent-détective Éric Bolduc, chef d’équipe à l’escouade des dossiers non résolus de la Sûreté du Québec.

En 2007, la division des crimes contre la personne de la police provincial­e a hérité des centaines de coldcases, comme on dit dans le jargon, provenant d’un peu partout sur son vaste territoire. Et chaque année, d’autres cas s’accumulaie­nt à la longue liste. Mais au mieux, cinq policiers y travaillai­ent. Le taux de résolution restait ainsi très bas : un ou deux cas par année. Parfois même aucun.

CÉDRIKA : UN TOURNANT

« Les dossiers qui datent de plusieurs années, surtout ceux des années 60 ou 70, c’est difficile de les relancer. Les témoins, les anciens enquêteurs doivent être en vie. Parfois, il manque des parties du dossier, des éléments de preuve ou des pièces à conviction. On doit aussi composer avec des erreurs ou des omissions du passé », explique le policier Bolduc.

Pour améliorer son taux de réussite, l’escouade des crimes non résolus passera ainsi de 5 à 25 employés.

Une vingtaine de policiers et analystes travailler­ont en effet à partir des bureaux de Bouchervil­le et une équipe de cinq enquêteurs sera basée à Québec.

Si la SQ souhaite depuis longtemps s’attaquer plus intensémen­t aux crimes non résolus, la relance du dossier Cédrika Provencher a « précipité » l’initiative, concède-t-on.

Après la découverte des ossements de l’enfant de neuf ans en décembre 2015, de nombreux enquêteurs ont en effet été dépêchés en renfort à la poignée de policiers des crimes non résolus.

Satisfaite des efforts alors déployés, la direction a décidé de bonifier l’escouade, afin d’être en mesure de travailler d’autres dossiers avec autant d’ardeur. Dès 2016, une dizaine de policiers se sont ensuite concentrés à l’analyse des 750 dossiers non résolus de la SQ.

« Ça nous a permis d’évaluer les besoins, mais aussi de dresser un portrait plus précis de la situation et de classer les dossiers par priorité, notamment quant à la perspectiv­e de chances de résolution », explique le sergent Bolduc.

FEMMES ET ENFANTS D’ABORD

Il estime que le deux tiers des cas non résolus sont liés au crime organisé. Mais ce sont surtout les meurtres d’enfants, de femmes et de victimes innocentes qui sont priorisés par les policiers.

« Je souhaite prendre le dessus sur les coldcases, rajeunir nos dossiers. Travail- ler des meurtres qui n’ont que quelques années au lieu de quelques décennies, c’est plus intéressan­t et le potentiel de résolution est plus grand », a-t-il dit, précisant qu’il ne compte pas pour autant mettre de côté les vieux dossiers.

Le détective espère ainsi pouvoir donner des réponses à davantage de familles qui souffrent et vivent dans l’incertitud­e depuis de nombreuses années.

Malgré tout, il insiste : ces dossiers sont complexes et certains ne connaîtron­t probableme­nt jamais de dénouement.

« Ce travail demande beaucoup de résilience. Il peut arriver qu’après un long travail acharné, nous sommes obligés de remettre le couvercle sur la boîte et retourner le dossier aux archives, sachant qu’une personne qui a tué ne sera pas accusée », se désole Éric Bolduc.

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PHOTO MARTIN ALARIE Le sergent-détective Éric Bolduc pourra compter sur l’aide de nouveaux collègues afin de résoudre les quelque 750 dossiers non résolus qui s’accumulent dans les archives de la Sûreté du Québec.

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