Une page d’histoire se tourne pour Sears
Le détaillant a fermé ses portes après 65 ans de présence au Canada
Une page d’histoire du commerce au détail s’est tournée hier avec la fermeture des magasins Sears après 65 ans de présence au Canada. La chaîne n’a pas su s’adapter au 21e siècle, selon un expert.
Au moment de faire faillite, Sears Canada comptait 135 magasins à la grandeur du pays. Ceux-ci employaient environ 16 000 personnes.
Depuis 2012, le détaillant avait accumulé des pertes d’exploitation totalisant 10,5 milliards de dollars. En conséquence, l’entreprise s’était placée à l’abri de ses créanciers en juin dernier, le temps d’amorcer une restructuration pour tenter de sauver la chaîne.
La chaîne n’a pas su s’adapter à la montée en force du commerce en ligne, alors qu’elle était pourtant à l’avant-garde du commerce par commande avec son fameux catalogue, explique le professeur agrégé à HEC Jean-françois Ouellet.
Sears est aussi resté dans le marché du « milieu de gamme », alors que les chaînes qui réussissent aujourd’hui vendent à très bas prix comme Walmart ou offrent une expérience client comme plusieurs marques de luxe, selon l’expert.
« Si vous vouliez acheter des électroménagers, vous pouviez aller chez Sears, mais il y avait d’autres magasins beaucoup plus spécialisés et c’était la même chose pour à peu près tout ce qui se vendait chez Sears », décrit M. Ouellet.
DERNIÈRES EMPLETTES
Au magasin Sears de Place Fleur de Lys, les employés gardaient le moral même s’ils étaient à quelques heures de mettre la clé sous la porte. « C’est sûr que j’avais du fun et que j’aurais aimé rester ici jusqu’à la fin, à ma retraite, mais on va s’en aller ailleurs », philosophait entre deux transactions Manon, une employée de longue date.
Même si la majorité de la marchandise avait disparu, les caisses ne dérougissaient pas alors que de nombreux curieux et chasseurs d’aubaines profitaient des derniers articles soldés. « C’est plein depuis deux semaines, mais aujourd’hui, c’est pas mal fini. Il n’y a plus rien », disait une autre commis en pointant les allées dégarnies.
Pour leur part, Denis Bouchard et Lisette Daigle en étaient à leur ultime visite dans le commerce où ils ont multiplié les achats depuis le début de la vente de fermeture. Ils estiment avoir économisé « un bon 400 $ ». L’industrie du commerce est en pleine transformation, évaluaient-ils.
« Quand je regarde nos enfants, ils magasinent surtout en ligne et dans les boutiques. Ils ne magasinent pas chez Sears », a reconnu Mme Daigle. « Il y a une certaine tristesse, c’est certain, parce que ça fait partie de notre patrimoine », a fait remarquer son conjoint. « Tout ferme, partout. Il y en a d’autres qui vont tomber », se désolait un autre client, Claude Jolicoeur.