Le marché noir ne sera pas éliminé... pour l’instant
VANCOUVER | Éliminer le marché noir ne se fera pas du jour au lendemain. Et le projet de loi du Québec n’est pas dans la bonne voie pour y parvenir, croit un expert.
« Je ne suis pas en faveur des monopoles de l’état, comme ce sera le cas au Québec, et je crois que ça ne permettra pas de se débarrasser du marché noir », a expliqué au Journal Alex Shiff, consultant chez Navigator, une firme de relation publique qui a développé une expertise en cannabis.
« Au Québec il n’y aura que 15 boutiques au départ et c’est évident que ça ne répondra pas à la demande », a-t-il prévenu.
Pour éliminer le marché noir, le cannabis doit être disponible, croit-il, afin d’éviter que les gens se tournent naturellement vers le revendeur du coin.
Le gouvernement du Québec a avancé que les prix du pot vendu au Québec pourraient varier de 7 à 10 $.
Le marché noir pourra ajuster ses prix dans un premier temps afin de faire compétition au gouvernement. « Mais ultimement, je ne crois pas que le marché noir pourra constamment baisser son prix », souligne M. Shiff.
INTÉGRER CERTAINS ACTEURS
Pour mettre fin au marché noir, cet expert croit plutôt qu’il faut avant tout permettre à certains commerçants comme ceux qui possèdent des dis- pensaires d’intégrer le marché légal.
« Je ne parle pas du marché noir du crime organisé, mais ceux qui sont déjà dans l’industrie du cannabis et ont de bonnes pratiques », dit-il.
« Ce qu’on a vu aux États-unis est que les États qui n’ont pas autorisé le marché noir à effectuer une transition vers le marché légal sont ceux qui ont un marché illicite le plus fort. L’état de Washington en est un exemple », précise-t-il.
Au Québec, on trouve beaucoup moins de dispensaires qu’en Ontario ou Vancouver, par exemple. Mais le Centre compassion a pignon sur rue à Montréal depuis 1999. Selon le projet de loi du Québec, ce dispensaire ne sera toujours pas légal après le 1er juillet.