Une mascotte castor qui a coûté 1,2 million $
Les visiteurs des parcs nationaux du Canada avaient en moyenne 50 ans au moment de sa création
OTTAWA | Parcs Canada ne sait toujours pas si sa mascotte a réussi à attirer de jeunes visiteurs, bien qu’elle ait dépensé près de 1,2 M$ pour sa création, la confection de ses 68 costumes et sa promotion.
Parka, une petite femelle castor curieuse et assoiffée d’aventure, est le personnage créé par Parcs Canada en 2011 pour faire sa promotion auprès du jeune public.
Des documents obtenus par Le Journal montrent les sommes dépensées par les contribuables pour ses nombreux costumes, sa présence en ligne et ses produits promotionnels au cours des six dernières années.
PAS D’ÉTUDE
Parcs Canada ignore toujours quel effet a eu cette campagne sur l’attrait de ses sites, puisqu’elle ne calcule pas l’âge moyen de ses visiteurs.
« L’agence ne détient pas d’étude formelle concernant l’impact de la mascotte Parka sur la fréquentation des sites Parcs Canada », admet la porte-parole, Audrey Champagne.
Elle précise que « des témoignages » reçus leur font dire que Parka contribue « au développement d’une génération de Canadiens et Canadiennes » grâce à leur apprentissage des parcs nationaux.
Pour Damien Hallegate, professeur en marketing à l’université du Québec à Chicoutimi, il est indispensable de mesurer les effets d’une campagne de marketing, surtout après y avoir investi autant d’argent.
« Je tombe en bas de ma chaise. Aucune entreprise privée ne ferait ça sans faire d’étude », avance-t-il.
JEUNES VISÉS
L’âge du visiteur moyen d’un parc national n’a pas été mesuré depuis 2012, première année d’existence de Parka. Il était alors de pas moins de 50 ans, selon une étude de Parcs Canada.
Cela fait dire à M. Hallegate que le choix de faire la promotion des parcs auprès des jeunes familles par une mascotte n’est pas une mauvaise idée, mais encore faut-il la mettre de l’avant.
« Une mascotte qui a coûté dans le million, on devrait au moins la voir sur la page principale du site internet », conseille-t-il.
Le syndicat des employés de Parcs Canada laisse le soin à l’agence de défendre sa mascotte, mais souligne que leur convention collective est échue depuis 2014.
« Les coûts de cette dispendieuse mascotte auraient peut-être pu être redistribués auprès des travailleurs pour assurer la parité avec les autres employés fédéraux », suggère son président Kevin King.
IDENTITÉ
Les contribuables ont réglé la facture de 133 450 $ en frais de consultant « spécialiste des médias pour enfants », et près de 120 000 $ pour la création de 104 capsules vidéo de Parka.
Celles en français sont notamment sur le site jeunesse de Radio-canada.
La ministre de l’environnement, Catherine Mckenna, aussi responsable de Parcs Canada, est d’avis que la mascotte fait connaître les parcs auprès des jeunes, endroits qui incarnent la « quintessence de notre identité canadienne ».
« Parka contribue au développement d’une jeune génération de Canadiens et Canadiennes qui établit des liens avec ces endroits spéciaux », précise son bureau. - Avec la collaboration
d’annabelle Blais