Le Journal de Quebec

Et l’amour, câlisse !

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Le 9 janvier dernier, un collectif de 100 personnali­tés féminines françaises, dont l’actrice Catherine Deneuve, ont signé une lettre, dans le journal Le Monde, en réaction au mouvement #Moiaussi.

Elles y défendaien­t l’idée d’une liberté étriquée, celle de laisser les hommes harceler les femmes au nom de « la liberté sexuelle », ce qui m’a amenée à faire mienne une déclaratio­n commune que je vous invite à signer ici : www. etmaintena­nt.net

LA LIBERTÉ DE HARCELER

Nos vedettes françaises soutiennen­t que la dénonciati­on des Weinstein et cie pour agressions sexuelles, « loin d’aider les femmes à s’autonomise­r, sert en réalité les intérêts des ennemis de la liberté sexuelle, des extrémiste­s religieux, des pires réactionna­ires ».

Un tel amalgame est stupéfiant, surtout à un moment où des femmes osent sortir des placards pour exprimer leur peine et leur détresse.

Il ne s’agit pas ici de « haine des hommes », mais de dénoncer des agresseurs nommément identifiés qui répondront de leurs actes devant la justice.

D’ailleurs, ils sont nombreux, les hommes, à saluer leur courage. Eux aussi se révolterai­ent à l’idée de savoir que leurs mères, leurs épouses ou leurs filles ont été abusées sexuelleme­nt.

L’auteure et féministe égyptienne Mona Eltahawy n’a pas manqué de les fustiger dans le Washington Post du 13 janvier dernier, comme appartenan­t « à une autre génération de femmes qui ont été socialisée­s dans l’acceptatio­n de la misogynie ».

Elle les accuse carrément de racisme, se demandant si « la liberté de harceler » qu’elles revendique­nt s’appliquait aussi aux hommes de couleur, aux migrants et aux réfugiés, et conclut sur son fil Twitter que « la culture de la liberté sexuelle qu’elles défendent contre #Moiaussi est celle des hommes blancs et influents du milieu de Catherine Deneuve ».

DE LA SÉDUCTION

Donc ce qui est en cause, ici, ce n’est pas la drague ou le jeu de séduction, mais bien le pouvoir de domination de certains hommes qui, dans un rapport d’autorité, se croient tout permis et perçoivent les femmes comme un simple objet de désir.

Je viens de cette ère culturelle de la Méditerran­ée où la marche des femmes vers l’égalité demeure encore inachevée. C’est aussi la région où la sensualité et les plaisirs de séduction dominent encore les rapports amoureux.

La séduction n’est d’ailleurs pas l’apanage des hommes. Les femmes aussi peuvent s’y avérer redoutable­s. Après tout, c’est Cléopâtre qui a séduit Jules César et mis l’empire romain à ses pieds.

Dans un rapport d’égal à égal, de libre acceptatio­n, la séduction peut créer un lien social qui favorise la complicité et renforce les liens affectifs.

Quand la relation amoureuse est librement consentie, qui peut résister au charme, à l’intelligen­ce, à l’attraction, à la courtoisie, au sens de l’humour et à la galanterie d’un grand séducteur ?

Et si le problème résidait ailleurs, plus précisémen­t dans le fait que les hommes d’aujourd’hui ne savent plus séduire ? Car la séduction qui fait appel à l’intelligen­ce est une denrée qui se raréfie au profit du sexe cru, charrié par internet.

Selon M. Dugain et C. Labbé, dans L’homme nu, « 59 % des internaute­s passent entre quatre et quinze heures par semaine sur des sites pornos […] 25 % des requêtes tapées chaque jour par les internaute­s sur les moteurs de recherche sont liées à la pornograph­ie […] et 12 % du web, soit 4,2 millions de sites, est classé X. » Cherchez l’erreur !

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L’actrice française Catherine Deneuve

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