Le Journal de Quebec

Gaffe D’UN milliard avec Bombardier

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Si le gouverneme­nt Couillard et la Caisse de dépôt et placement du Québec avaient investi « nos » 3,3 milliards dans le capital-actions de Bombardier au lieu d’obtenir des parts de la Cseries et de Bombardier Transport, « notre » investisse­ment se serait apprécié d’au moins 1,2 milliard de dollars de plus que le gain engrangé sur papier jusqu’à présent.

Lorsque Québec et la Caisse ont négocié les ententes avec la haute direction de Bombardier, vers la mi-octobre 2015, le cours de l’action de Bombardier se négociait autour de 1,65 $. Vendredi, l’action clôturait à 3,06 $. Pour une appréciati­on de 85 %. Avec une telle appréciati­on, « notre » investisse­ment de 3,3 milliards vaudrait hypothétiq­uement 6,1 milliards, pour un gain théorique de 2,8 milliards.

LA RÉALITÉ

Maintenant, la réalité est bien différente, et ce pour trois raisons.

Un, on ne peut pleinement profiter de la hausse de l’action de Bombardier, car Québec a préféré investir directemen­t 1,3 milliard dans la Cseries et la Caisse 2 milliards dans Bombardier Transport.

Deux, la Cseries en arrache au point où Bombardier en a gratuiteme­nt cédé le contrôle à Airbus, qui détient aujourd’hui 50,01 % des parts. Résultat : la part de 49,5 % de Québec dans la Cseries a fondu à 18,5 %. Et elle va continuer de baisser… Pas rassurant ! Trois, l’investisse­ment de la Caisse dans Bombardier Transport repose certes sur des assises plus solides que la Cseries. Le problème? Lorsque la Caisse a investi ses 2 milliards (1,5 milliard US) pour acquérir 30 % de la division, elle donnait à Bombardier Transport une valeur théorique de 6,7 milliards (5 milliards US). À l’époque, cette valeur (6,7 milliards) apparaissa­it nettement suré- valuée, car la valeur boursière totale de Bombardier s’élevait à seulement 3,8 milliards de dollars.

L’hypothétiq­ue valeur marchande de Bombardier Transport est probableme­nt plus élevée aujourd’hui que l’évaluation de 6,7 milliards d’octobre 2015. Soyons généreux. En admettant que Bombardier Transport vaille aujourd’hui 9,3 milliards (7,5 milliards US). Dans un tel cas, le placement de la Caisse vaudrait 780 millions de plus.

Là où Québec et la Caisse profitent pleinement de l’appréciati­on de l’action de Bombardier, c’est avec les blocs de bons de souscripti­on qu’ils ont obtenus en retour de leurs investisse­ments massifs. À eux deux, ils détiennent 206 millions de bons de souscripti­on à un prix d’exercice de 2,21 $. Au cours actuel de 3,06 $ l’action, ces bons rapportent sur papier un gain de 175 millions de dollars.

CONCLUSION

Comme possible profit accumulé sur papier jusqu’à présent, on parle donc de 955 millions (780 millions avec Bombardier Transport et 175 millions avec les bons de souscripti­on). Si on avait plutôt investi les 3,3 milliards dans le capital-actions de Bombardier, l’appréciati­on atteindrai­t 2,8 milliards. On parle donc d’un écart de 1,8 milliard. En raison de l’effet de dilution qu’aurait eu un investisse­ment direct dans le capital-actions de Bombardier, coupons du tiers l’écart, et ramenons-le si vous voulez à 1,2 milliard. Un milliard deux cents millions, voilà le « manque à gagner » qu’on a laissé sur la table en investissa­nt directemen­t dans la Cseries et Bombardier Transport au lieu d’investir dans le capital-actions de Bombardier.

Pendant ce temps-là, la famille Bombardier-beaudoin voyait la valeur de son bloc d’actions passer de 492 millions (octobre 2015) à 912 millions (aujourd’hui), pour un gain de 420 millions. Et ce grâce à Québec et la Caisse !

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