Le Journal de Quebec

DRÔLE DE CASSE-TÊTE

deux ans d’avance Les humoristes doivent réserver leurs salles plus de

- LOUIS MORISSETTE Humoriste et producteur

Avec 25 nouveaux spectacles d’humour qui prennent la route en 2018, les salles de spectacles sont occupées plus que jamais. Si bien que les humoristes ont désormais de la difficulté à réserver de bonnes dates dans les salles, comme un vendredi ou un samedi. « Il faut se prendre deux ans et demi d’avance », soutient Réal Béland.

Réal Béland se produisait samedi dernier à la salle Albert-rousseau de Québec. Au lieu d’offrir une supplément­aire dans deux ans, il a choisi d’ajouter une représenta­tion la journée même, à 16 h. « Quand on a des bonnes dates, on essaie de les maximiser », a-t-il expliqué dans une entrevue il y a quelques semaines.

Alors que l’année 2018 vient à peine de commencer, les diffuseurs sont quant à eux en train de remplir leur calendrier 2020. Aux 25 nouveaux spectacles d’humour s’ajoutent les 27 spectacles déjà en tournée, selon nos calculs, qui se chevauchen­t dans la programmat­ion des salles avec les tournées musicales, le théâtre, la variété. L’an dernier, Le Journal avait recensé 22 nouveaux spectacles pour 2017, ce qui constituai­t une année record.

Le public est plus enclin à faire des sorties les vendredis et samedis, des dates très prisées dans les salles puisqu’elles vendent bien. Il est plus difficile de vendre un spectacle un lundi soir, par exemple, alors que les gens travaillen­t.

« Ce n’est pas rendu une problémati­que, mais c’est une réalité, explique Louis Morissette qui, avec sa boîte KOScène, travaille avec Réal Béland et Jean-michel Anctil. Si tu veux faire un show le lundi ou mardi, tu n’as pas de problèmes. Mais c’est si tu veux un vendredi ou samedi, oui, il faut que tu y penses longtemps d’avance. Deux ans, c’est rendu la norme ».

PRENDRE DES « OPTIONS »

« Avant, on prévoyait un an, un an et demi à l’avance, aujourd’hui, c’est deux à trois ans, explique pour sa part le producteur Éric Young, de chez Entourage (Mariana Mazza, Guy Nantel, P-A Méthot). Quand les gens ont découvert Mariana, nous, ça faisait déjà cinq ans qu’on y travaillai­t. Il est faux de prétendre que demain matin, un humoriste se fait connaître par un coup d’éclat quelconque et qu’il peut rentrer dans une salle un mois plus tard. »

Louis Morissette ajoute que parfois, « les salles se “bookent” avant même d’avoir écrit une seule ligne de ton spectacle ». « On ne sait même pas si on veut faire un deuxième show des Morissette, mais il faut que je pense à prendre des options tout de suite. »

Par prendre des options, Louis Morissette entend que les producteur­s peuvent réserver des dates dans des salles deux ans d’avance, mais peuvent se désister si la tournée n’a pas lieu ou est repoussée, et ce, sans pénalisati­on financière.

ANNÉES CHARNIÈRES

Du côté des diffuseurs, on confirme que les deux dernières années ont été particuliè­rement chargées en humour, et que le phénomène n’est pas sur le point de diminuer.

« Il y a une bouffée d’humoristes qui vient de la nouvelle génération, avec les Phil Roy, Simon Leblanc, Katherine Levac, a commenté Gilles Pitre, directeur général de la salle Rolland-brunelle, à Joliette. Ils sont tous arrivés récemment et ont tous du succès. À un moment donné, un calendrier a juste 365 jours. »

À la Salle Albert-rousseau, à Québec, salle phare de l’humour dans la capitale, les années 2018 et 2019 sont « d’excellente­s années en regard à notre taux d’occupation », affirme Julie Corriveau, directrice de la programmat­ion. En 2017, 277 soirs sur 365 étaient occupés, nous laissait savoir le directeur général Claude Désormeaux l’automne dernier.

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Cabaret BMO de Sainte-thérèse Théâtre Saint-denis PHOTO SANDRA GODIN PHOTO D’ARCHIVES
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