Un entraînement ordinaire
La séance devant public a beaucoup perdu de son lustre au fil des ans
Il fut une époque où l’entraînement public du Canadien était un happening. En plus de tenir une pratique régulière, les favoris de la foule s’adonnaient à un spectacle meublé par quelques concours d’habiletés.
À titre d’exemple, la dernière fois que Claude Julien avait tenu cet exercice (en janvier 2006, une semaine avant d’être congédié), les 19 000 partisans venus assister à l’événement avaient eu droit à une présentation des joueurs, à différentes stations où des groupes de joueurs enseignaient l’art d’améliorer certaines facettes du jeu et à quelques concours.
L’événement avait duré près de deux heures et l’interaction avec les partisans était omniprésente.
Hier, un peu plus de 10 000 personnes ont bravé le froid pour assister à un entraînement de 45 minutes tout ce qu’il y a de plus ordinaire.
Il y a bien eu un petit match à trois contre trois et quelques échappées dans les dernières minutes de la séance, mais le tout a été présenté sans grande émotion. Mathieu Darche, dans le rôle de maître de cérémonie, a bien tenté d’apporter une certaine couleur, mais il n’a pas obtenu beaucoup d’aide de la part des actuels joueurs du Canadien.
COMME À BROSSARD
Bien sûr, beaucoup d’enfants n’y ont vu que du feu. Après tout, plusieurs d’entre eux voyaient leurs idoles en personne pour une rare fois. Justement, seraitil possible d’en donner un peu plus à ceux qui n’ont pas la chance ou les moyens d’assister à un match du Canadien ? Car à ce compte, un détour par Brossard lors de n’importe quelle journée pédagogique n’aurait pas été différent. À part l’émerveillement de s’asseoir dans le Centre Bell.
D’ailleurs, c’est à se demander si le fait que les entraînements quotidiens soient déjà ouverts au public ne vient pas enlever l’effet de rareté qui incitait, autrefois, les partisans à faire la file tôt le matin près des portes de l’amphithéâtre.
C’est la deuxième fois de suite que l’événement n’attire qu’un peu plus de 10 000 personnes. De 2013 à 2016, au-delà de 17 000 personnes y assistaient.
DESLAURIERS SE PAIE LA TRAITE
En fait, les deux seuls joueurs qui ont réellement semblé avoir du plaisir sont Nicolas Deslauriers et Charles Hudon, envoyés sur la glace avant leurs coéquipiers pour participer à un jeu où l’objectif était de faire traverser la ligne bleue à un partisan se trouvant à l’intérieur d’une bulle géante. Deslauriers s’en est donné à coeur joie en multipliant les coups d’épaule comme si la bulle renfermait un adversaire.
« Puisqu’ils étaient protégés dans la bulle, je me suis dit que j’allais leur rentrer dedans un peu, a lancé le robuste attaquant, affichant le sourire d’un homme satisfait de son coup. Moi, j’ai eu du plaisir, mais à leur place, je ne serais jamais allé là-dedans. J’espère qu’ils ont pu avoir un verre d’eau en sortant de là, car ils se sont fait brasser en tabarnouche. »