Le Journal de Quebec

Une soirée de prière réparatric­e

La communauté musulmane se recueille là où tout a basculé il y a un an

- DOMINIQUE LELIÈVRE

Un an après la tuerie qui a coûté la vie à six de leurs pairs, les musulmans de Québec se sont retrouvés, hier soir, pour progresser dans le deuil et soutenir les familles endeuillée­s.

Les membres de la communauté musulmane ont salué, nombreux, la mémoire de leurs camarades disparus dans l’intimité de la salle de prière de la mosquée du chemin Sainte-foy, à l’endroit même où un tireur a fait irruption le 29 janvier 2017.

Dans une fin de semaine chargée en événements publics, ce moment de recueillem­ent privé était important, a indiqué le président du Centre culturel islamique de Québec (CCIQ) Mohamed Labidi. « Essentiell­ement, ce sont des prières qu’on fait pour les âmes des six décédés, puis on aura des discours qui tournent autour de la patience, pour soulager surtout les familles des victimes », a-t-il précisé en début de soirée.

Même si les plaies sont toujours vives, plusieurs survivants et proches des victimes ont trouvé la force de se déplacer. Aymen Derbali, qui a reçu sept balles dans l’attentat en tentant de détourner l’attention de l’assaillant, était du nombre. « C’est important d’être ici pour se souvenir de ceux qui ont perdu la vie », a simplement exprimé celui dont l’histoire intéresse de nombreux médias depuis plusieurs semaines.

VIVRE ENSEMBLE

Un an après les événements, la communauté musulmane est toujours habitée par des sentiments partagés, entre espoir et inquiétude. « C’est paradoxal parce qu’on se sent en sécurité dans la ville, mais quand on voit les messages qu’il y a, on a [toujours] peur », a souligné le porte-parole du CCIQ, Mahédine Djamai.

En dépit de l’élan de solidarité monstre qui a suivi la tragédie, une minorité de personnes continue de porter un discours islamophob­e, a rappelé le président du CCIQ, qui s’était effacé de l’espace public après l’incendie criminel de sa voiture, cet été. Une autre lettre haineuse a été déposée à la mosquée à l’automne, a-t-il révélé.

« Malheureus­ement, oui, il y a toujours des choses qui viennent réactiver les douleurs et les peines. Les messages haineux continuent, comme si on n’avait pas assez payé avec six victimes », s’est-il désolé. Bien que discrète, la police de Québec avait d’ailleurs déployé plusieurs voitures dans le secteur pour assurer la sécurité des fidèles. Mais la communauté préfère s’accrocher au soutien que lui témoigne la population. Depuis la fusillade, les messages de solidarité ont afflué par milliers au CCIQ, dont plusieurs en provenance de l’étranger. Ceux-ci couvrent maintenant les murs de la mosquée.

« C’ÉTAIT DE BONNES PAROLES, ÇA FAIT CHAUD AU COEUR. ON A MIS L’ACCENT SUR LA SOLIDARITÉ DU PEUPLE ET SUR LES ACTIONS FUTURES QU’ON DEVRAIT PRENDRE POUR CONSTRUIRE PLUS DE PONTS ET DE CONTACTS AVEC LES CONCITOYEN­S QUÉBÉCOIS ET CANADIENS. » — Aymen Derbali, survivant de la tuerie, à la sortie de l’activité de prières

Les activités de commémorat­ion de l’attentat se poursuiven­t aujourd’hui avec la projection du documentai­re Ta dernière marche dans la mosquée, cet après-midi, à l’université Laval. Par ailleurs, la grande mosquée de Québec ouvre ses portes au public, ce soir.

 ?? PHOTOS PASCAL HUOT, COURTOISIE FACEBOOK ET D’ARCHIVES ?? Aymen Derbali, survivant de l’attentat, s’est dit touché par la soirée organisée par ses camarades à la mosquée de Sainte-foy. À l’intérieur, des centaines de mots d’encouragem­ent de la population, recueillis dans les derniers mois, tapissent les murs...
PHOTOS PASCAL HUOT, COURTOISIE FACEBOOK ET D’ARCHIVES Aymen Derbali, survivant de l’attentat, s’est dit touché par la soirée organisée par ses camarades à la mosquée de Sainte-foy. À l’intérieur, des centaines de mots d’encouragem­ent de la population, recueillis dans les derniers mois, tapissent les murs...
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