Quand l’argent dégoûte
On parle beaucoup, ces joursci, des révélations de La Presse entourant Éliane Gamache Latourelle, la jeune femme qui se présentait depuis quelques années comme un exemple à suivre parce qu’elle était apparemment devenue millionnaire avant 30 ans.
Tout le monde s’émerveillait devant son succès. Tout le monde est déçu d’apprendre que cela relevait essentiellement de la fabulation.
MATÉRIALISME
Pour l’essentiel, la jeune femme s’était inventé une vie et elle avait entraîné des gens dans son fantasme. Plusieurs n’en sont pas sortis indemnes, financièrement ou psychologiquement.
Mais l’essentiel est ailleurs. Pourquoi cette jeune femme fascinait-elle ? Parce que c’était une jeune millionnaire. C’est même ainsi qu’elle se présentait en société. On précisera : une jolie jeune millionnaire. Quoi qu’en disent les hypocrites, ce n’était pas un détail.
Son identité sociale, c’était sa richesse. Elle l’étalait de manière ostentatoire.
Dans un entretien qu’elle accordait au Journal de Montréal en novembre 2014, elle se vantait, comme de son loft, de sa styliste, de son Audi, de sa Porsche, de faire Montréal-québec en jet privé et autres douceurs.
Ce qu’elle vendait, c’était de manière assez caricaturale une vie de jet-set.
Comment ne pas y voir le symptôme d’une conception de la réussite aussi aliénante qu’abrutissante ?
La parvenue décomplexée blingbling se voulait un idéal à suivre. Matérialisme grossier.
Je dépense donc je suis. Je consomme donc je te domine. Mieux : je suis riche donc tu m’envies. Tel est l’esprit de notre temps.
VULGAIRE
C’est en jouant de cette image que la jeune millionnaire vendait à gros prix ses conseils. En gros, elle promettait la recette magique pour devenir millionnaire à son tour.
De ce point de vue, la triste affaire de la jeune millionnaire n’est pas qu’un fait divers un peu choquant comme les autres. C’est un révélateur des tendances toxiques qui traversent notre société.
Il y aurait moyen d’écrire un livre sur elle. Un vrai.