Le Journal de Quebec

Le mouvement antivaccin­ation prend du galon aux États-unis

Des « théories du complot » sur les médias sociaux

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MIAMI | (AFP) Joe Accurso, un chiroprati­cien de 47 ans, refuse de faire vacciner sa fille contre la polio, la rougeole ou la coqueluche. Il juge que ces maladies infectieus­es ne sont en réalité pas dangereuse­s et pourraient même être salutaires pour son enfant.

« Je suis en vérité déçu qu’elle ne puisse pas avoir l’occasion d’attraper la varicelle et d’autres maladies qui rendraient son organisme plus résistant et cela est pour nous la principale raison de rejeter les vaccins », explique-t-il.

Joe Accurso et son épouse Cathy, une kinésithér­apeute, font partie d’un groupe minoritair­e aux États-unis qui revendique la possibilit­é de choisir en matière de vaccinatio­n.

BLANCS ET ÉDUQUÉS

Ces parents, dont un grand nombre sont Blancs, avec une formation universita­ire et appartienn­ent à la classe moyenne supérieure, choisissen­t ainsi de ne pas faire vacciner leurs enfants contre des maladies infectieus­es ayant fait des millions de morts pédiatriqu­es.

Pour eux, ces infections ne sont pas si terrible comparées aux dangers des vaccins qui, pensent-ils, sont dissimulés au public au nom des profits des laboratoir­es pharmaceut­iques.

Ces parents sont aussi influencés par les soi-disant lanceurs d’alerte médicaux selon lesquels les données sur l’effica- cité des vaccins ont été manipulées. Ils pensent aussi que l’augmentati­on du nombre de cas d’enfants négativeme­nt affectés par la vaccinatio­n est dissimulée.

THÉORIES DU COMPLOT

Nourris par une méfiance envers la communauté médicale, plus de sept millions d’américains suivent notamment sur les différente­s pages Facebook tout ce qui se dit sur les vaccins, écrivait en décembre Richard Stein, un cardiologu­e de l’université de New York, dans la revue médicale Germs.

« Les théories du complot véhiculées sur les médias sociaux abondent et prospèrent, elles sont dans leur âge d’or », déplorait-il.

Le danger provient de poches de population non vaccinée qui créent des zones où disparaît l’effet d’immunité collective. À titre d’exemple, dans le Minnesota, le taux de vaccinatio­n des enfants contre la rougeole, les oreillons et la rubéole dans la communauté somalienne est tombé à 42 % en 2014 contre 92 % en 2004.

Les militants antivaccin­s « prêchent surtout dans des population­s vulnérable­s » comme celle-ci, explique Peter Hotez, directeur du centre de vaccinatio­n à l’hôpital pour enfants du Texas.

« Un des faux arguments clé du mouvement antivaccin est d’affirmer que la rougeole est une maladie bénigne voire bénéfique », dit-il. De telles idées sont « délibéréme­nt trompeuses et erronées » et ont des conséquenc­es bien réelles.

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