La taxe scolaire à l’encan
Les libéraux et les caquistes s’affrontent présentement dans une mise aux enchères d’une diminution de la taxe scolaire. Beau combat électoral en perspective, mais est-ce que collectivement les Québécois vont sortir gagnants de cet encan ?
Après avoir vu les libéraux décréter une imminente réduction de la taxe scolaire de 670 millions, les caquistes renchérissent avec une réduction additionnelle de 700 millions. Ce qui porte la mise de la diminution de la facture de la taxe scolaire à 1,37 milliard de dollars.
Philippe Couillard se laissera-t-il damer le pion par son « ennemi » politique de l’heure, François Legault ? J’en serais très surpris. Et Jean-françois Lisée ? Il a décidé de ne pas participer à cet encan, l’ayant même dénoncé haut et fort.
RAISON D’ÊTRE DE LA TAXE
Il est important de rappeler ici que la taxe scolaire sert à financer plusieurs activités de la commission scolaire. Selon la Fédération des commissions scolaires, les activités que la taxe finance sont : la gestion des écoles, des centres de formation des adultes et des centres de formation professionnelle (financement du personnel non enseignant) ; l’entretien des immeubles ; le financement d’une partie du transport scolaire ; la gestion du siège social.
En passant, la taxe scolaire n’est pas une invention locale. C’est le gouvernement du Québec qui l’a créée afin de faire directement payer par les contribuables un lot de dépenses scolaires qu’il ne finance pas par l’entremise du ministère de l’éducation. La taxe scolaire est perçue à même un impôt foncier sur les propriétés.
Et pour le prochain exercice financier allant du 1er avril 2018 au 31 mars 2019, il est prévu que la taxe scolaire rapportera environ 2,33 G$. Cette somme s’ajoute aux dépenses que le ministère de l’éducation consacre dans le réseau des écoles primaires et secondaires.
FINANCEMENT DE LA RÉDUCTION
En supposant que les libéraux restent au pouvoir ou que les caquistes y accèdent. C’est bien beau de vouloir réduire la taxe scolaire, mais il va falloir que le gouvernement comble le manque à gagner. Sinon, ce sont nos enfants du primaire et du secondaire qui vont en subir les conséquences.
La question : où le gouvernement va-t-il prendre l’argent pour éponger la réduction de 670 M$ des libéraux ou de 1,37 milliard des caquistes ?
Dans les surplus budgétaires ! Facile à dire quand on traverse une belle période de croissance économique qui permet d’aller chercher dans les poches des contribuables des revenus d’impôt et de taxes supérieurs aux prévisions budgétaires.
Mais qu’arrivera-t-il lorsque le ralentissement économique frappera à nouveau et que le gouvernement se retrouvera en déficit ?
Il y aura trois possibilités. Première possibilité, il pourrait couper dans le financement des commissions scolaires. Dans un tel cas, elles devront rehausser la taxe scolaire afin d’éviter de couper dans leurs services. Deuxième possibilité : le gouvernement pourrait accepter d’accumuler des déficits et d’augmenter le fardeau de la dette à faire supporter aux futures générations. Dernière possibilité : aux prises avec une détérioration des finances, le « nouveau » gouvernement, nous annonce-t-on d’un air piteux, se voit contraint d’augmenter les impôts !
Conclusion : c’est toujours le contribuable qui, directement ou indirectement, fait les frais des cadeaux politiques.