Le Journal de Quebec

L’ex-numéro 2 Marcel Forget en rajoute sur le climat à L’UPAC IL POURSUIT QUÉBEC POUR 2 M$

Marcel Forget Affirme Avoir été Congédié illégaleme­nt À la suite des révélation­s de notre Bureau d’enqugte

- JEAN-LOUIS FORTIN ET FÉLIX SÉGUIN

Congédieme­nt illégal allégué Deux minutes pour démissionn­er Il dit être un bouc émissaire

L’ex-numéro 2 de l’unité permanente Anticorrup­tion Marcel Forget poursuit le gouverneme­nt du Québec pour 2 millions ê, CAR il estime Avoir été Congédié illégaleme­nt.

M. Forget, qui occupait le poste de Commissair­e associé aux vérificati­ons, a quitté l’unité permanente anticorrup­tion (UPAC) le 30 novembre dernier après que notre Bureau d’enquête ait révélé qu’il aurait agi comme intermédia­ire pour l’achat d’actions de la controvers­ée entreprise Newtech dans les années 1990 et 2000, en même temps qu’il était officier de la Sûreté du Québec (SQ).

Cinq policiers ou ex-policiers ont affirmé avoir acheté des actions de Newtech par l’intermédia­ire ou à la recommanda­tion de M. Forget, qui n’avait pas de permis de courtier. Deux d’entre eux ont même dit avoir donné des chèques directemen­t à M. Forget, au siège social de la SQ.

Newtech vendait un concept de frein supposémen­t révolution­naire, mais qui n’a finalement jamais été commercial­isé.

Dans la poursuite qu’il a déposée hier après-midi en Cour supérieure, M. Forget affirme que les allégation­s publiées dans Le Journal sont « fausses, mensongère­s et tendancieu­ses ». Il soutient qu’elles sont « insuffisan­tes […] pour établir l’existence d’une fraude ».

« DEUX MINUTES » POUR Y PENSER

L’ex-officier de police affirme que c’est sous la menace que son patron l’a contraint de démissionn­er. André Fortier, secrétaire général associé aux emplois supérieurs, l’aurait ainsi appelé le 30 novembre dès 9 h 40, dans les heures suivant la parution du Journal.

Il aurait alors dit à Marcel Forget « qu’il serait mieux pour la suite de sa carrière qu’il démissionn­e », et « qu’à défaut de démissionn­er, le gouverneme­nt allait le “destituer”», lit-on dans la poursuite.

« M. Fortier ajoute que M. Forget a “deux minutes” pour y penser, le ministre de la Sécurité publique, M. Martin Coiteux, étant sur le point de donner un point de presse où le départ de M. Forget sera annoncé et qu’il serait mieux d’annoncer une démission qu’une destitutio­n », poursuit la requête introducti­ve d’instance. « De fait, c’est contre son gré et placé dans une position intenable que M. Forget annonce qu’il enverra sa démission », indique la missive, précisant que le numéro 2 de L’UPAC était alors « en état de choc ».

LETTRE DE DÉMISSION

Vers 11 h, le patron de L’UPAC Robert Lafrenière aurait ensuite contacté M. Forget pour lui demander d’envoyer sa lettre de démission formelle. Sans attendre d’avoir reçu le document, M. Lafrenière aurait alors annoncé la démission de son numéro 2 au personnel de L’UPAC ( voir en page 4).

Les allégation­s de M. Forget, si elles s’avèrent, pourraient être une autre démonstrat­ion du climat toxique qui règne à L’UPAC. Depuis décembre, notre Bureau d’enquête et d’autres médias ont révélé que :

√ Un rapport daté de 2016 soulignait les relations de travail très difficiles au sein de la division que gérait M. Forget.

√ Un second rapport produit par une experte de la SQ, et dont un résumé a été rendu public cette semaine, parle de jalousie et de favoritism­e au sein de l’ensemble de L’UPAC.

√ Marcel Forget était responsabl­e à L’UPAC de la vérificati­on de l’intégrité des entreprise­s qui font affaire avec l’état, et gagnait un salaire annuel d’environ 150 000 $.

√ Dans un communiqué, L’UPAC avait annoncé que M. Forget avait préféré se retirer « afin de ne pas nuire à l’organisati­on », et qu’« aucun acte illégal n’est reproché à M. Forget ».

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PHOTO D’ARCHIVES, PIERRE-PAUL POULIN Le 30 novembre dernier, Marcel Forget, alors numéro 2 de L’UPAC, a quitté l’organisati­on à la suite d’un reportage de notre Bureau d’enquête qui le concernait. Il allègue aujourd’hui que c’est sous la pression de son patron qu’il a remis sa lettre de...
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