Le Journal de Quebec

ECR : imposture et manipulati­on

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

J’ai reçu un courriel d’un étudiant de secondaire cinq, dont je tairai le nom.

Le jeune homme apprécie son professeur d’éthique et culture religieuse, mais s’insurge, exemples à l’appui, contre les biais tendancieu­x contenus dans le manuel du cours.

J’ai souvent écrit que ce cours – non pas tel qu’il est enseigné par le prof X ou Y, mais tel qu’il a été voulu – est une imposture motivée idéologiqu­ement.

ENDOCTRINE­MENT

On part de l’idée juste selon laquelle les croyances religieuse­s sont un phénomène trop important pour ne pas être étudié à l’école.

Mais au lieu de l’étudier objectivem­ent, comme on étudierait un régime politique ou un système économique, les manuels utilisés valorisent le religieux, toujours présenté de façon vertueuse, jamais examiné sous l’angle de la raison critique.

Le questionne­ment de la religion y est dépeint comme un manque d’ouverture, de respect, ou une atteinte aux libertés.

On ne dit rien ou presque du mal que l’on peut faire au nom de la religion.

Fondamenta­lement, le jeune se fait expliquer qu’il est bon de croire sans preuves et il est découragé de questionne­r cela, au nom du prêchi-prêcha de l’idéologie multicultu­raliste.

Ici, le manuel en cause est intitulé Tête à tête, édité par les éditions Grand Duc.

Dans le paragraphe sur le débat suscité par la charte des valeurs québécoise­s, la seule position évoquée est celle… d’amnistie internatio­nale.

On souligne lourdement que cet organisme lutte pour le respect des droits humains dans le monde et voyait dans la charte une atteinte à la liberté d’expression.

C’est tout, rien d’autre, sujet clos, prochain appel.

Plus loin, on dit que la France interdit les signes religieux dans les

Le questionne­ment de la religion y est dépeint comme un manque d’ouverture, de respect, ou une atteinte aux libertés.

écoles. C’est suivi de la mention qu’au Québec, faire cela serait une pratique « discrimina­toire ».

Vrai, mais il y a absence de toute mise en contexte et aucune présentati­on du raisonneme­nt du législateu­r français.

Tout ce que l’élève doit retenir est : la France « discrimine », et c’est mal ; ici, on ne fait pas cela, et c’est bien.

Ailleurs, le manuel avance qu’il y aurait quatre attitudes possibles face au phénomène religieux : ouverture, intoléranc­e, tolérance, indifféren­ce.

L’« ouverture », c’est « faire des accommodem­ents raisonnabl­es ». Lesquels ? Quand ? Rien.

L’« intoléranc­e », c’est « manquer d’intérêt […] » pour la religion.

L’« indifféren­ce », c’est « être agressif et imposer son point de vue ».

Du grand n’importe quoi, et malhonnête en plus.

LUCIDE

Le voile, lit-on, indispose ceux attachés à l’égalité hommes-femmes. Mais c’est immédiatem­ent suivi de : « les raisons de le porter sont multiples et personnell­es ». Bref, il ne faut pas juger.

Au cas où l’étudiant n’aurait toujours pas compris, on martèle encore qu’il serait « discrimina­toire de l’interdire » en raison des chartes.

Combien reste-t-il de ces jeunes qui refusent de se faire laver le cerveau ?

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