Le Journal de Quebec

L’ABC du tramway, la suite

- KARINE GAGNON Chroniqueu­se municipale karine.gagnon@quebecorme­dia.com

Parmi les ingrédient­s incontourn­ables de la recette du succès pour le projet de tramway à Québec figure la capacité du maire Régis Labeaume à s’en faire un promoteur acharné et efficace.

Faut-il le rappeler, le premier élu de Québec a failli à la tâche en ce qui concerne le projet de SRB, lequel a dû être abandonné après le retrait de la Ville de Lévis, principal partenaire de Québec dans l’aventure. Il devra se montrer beaucoup plus convaincan­t dans le cas du tramway, projet qu’il privilégia­it au départ, avant que le gouverneme­nt lui demande de réfléchir à une option moins coûteuse.

Il est utile de garder en mémoire que Québec et Lévis avaient par ailleurs arrêté leur choix sur un SRB évolutif, qui pouvait être transformé en tramway vers les années 2041. Dans l’étude Srb-tramway de 2015, on calculait en effet que dans moins de 25 ans, le SRB aurait atteint son point de saturation, selon les prévisions d’augmentati­on des ménages.

Le maire devrait s’entourer d’ambassadeu­rs connus de Québec qui soutiendra­ient et feraient connaître le projet

ÉLARGISSEM­ENT DES AUTOROUTES

Il faut dire que malgré un plan de mobilité durable présenté en 2011, le maire a mis du temps à s’imposer en défenseur du transport en commun. Pendant un débat de la campagne électorale de 2013, il avait même répliqué à son adversaire qu’il ne connaissai­t pas « 100 personnes à Québec qui rêvent demain matin de prendre l’autobus ». Pour lui, l’élargissem­ent des autoroutes était la solution à préconiser contre la congestion.

Depuis, le maire a obtenu de multiples investisse­ments pour l’élargissem­ent des autoroutes Henri-iv et Laurentien­ne. Il attend l’étude commandée par le gouverneme­nt du Québec avant de se prononcer sur un troisième lien, qu’il ne faut pas mettre en opposition avec un projet de transport en commun structuran­t, a-t-il souvent répété, avec raison.

Plusieurs sondages scientifiq­ues ont démontré au fil des ans l’appui des citoyens envers un tel projet. Aussi, M. Labeaume doit maintenant utiliser tout son poids politique, le même qui lui a permis d’aller de l’avant avec l’amphithéât­re, pour permettre à Québec de passer à un niveau supérieur, comme l’ont fait toutes les autres villes de plus de 500 000 habitants au pays. À l’heure où fédéral et provincial se montrent ouverts à financer, la conjonctur­e ne pourra jamais être plus favorable. Le maire doit y croire résolument.

APPEL À DES AMBASSADEU­RS

Il serait également judicieux que le maire s’entoure de personnali­tés connues de la région de Québec, tant du milieu des affaires que de la culture ou des sports, qui croient au transport en commun pour participer à la promotion du projet à titre d’ambassadeu­rs. Cette façon de procéder permettrai­t de mieux le faire connaître, de favoriser la plus grande adhésion possible, mais aussi de contrer la désinforma­tion sur le sujet.

À cet effet, le maire devra notamment bien expliquer les impacts du projet sur la circulatio­n automobile, qui ne peuvent qu’être positifs puisqu’en attirant un plus grand nombre d’utilisateu­rs, le tramway permettra d’atténuer la congestion sur les routes. Il devra aussi rappeler les effets positifs attendus pour les banlieues, et non seulement pour les secteurs les plus achalandés au centre.

Lorsqu’il aura présenté le projet de tramway, d’ici l’été a-t-il promis, M. Labeaume a l’intention de consulter en amont. C’est une bonne nouvelle. Dans le cas du SRB, ces consultati­ons sont venues trop tard. Il faut néanmoins se consoler : le tramway devance le SRB à bien des égards, tant sur le plan de l’efficacité, du confort, que de l’attractivi­té. Québec finira donc par sortir gagnante de ces tergiversa­tions.

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