« Party d’ambulances » des CHSLD vers les hôpitaux
Des personnes âgées doivent être transférées faute de médecins dans les centres
Des infirmiers en CHSLD dénoncent devoir transférer des résidents en fin de vie en ambulance vers l’hôpital en raison de la disparition des médecins dans les centres de la région.
« Il n’y a pas longtemps, j’ai dû transférer une personne en fin de vie en ambulance, ce n’est pas drôle. […] Je me rappellerai toujours de ses yeux. Elle aurait voulu rester dans son lit, dans sa chambre, au lieu d’un corridor, où elle est décédée », a raconté avec émotion Daniel Arsenault, infirmier depuis 25 ans au CHSLD Sacré-coeur.
Renouvellement de certaines prescriptions, soins de confort, et même constats de décès, les motifs sont nombreux pour faire venir les ambulanciers en CHSLD à Québec.
« Récemment, nous avions une dame en soins palliatifs et elle a dû partir en ambulance pour ses soins de confort, pour nous la faire renvoyer quelques heures plus tard. Les ambulanciers n’en revenaient pas de faire transporter une personne en train de mourir de même! » lance un préposé aux bénéficiaires du centre ChristRoi, qui qualifie la situation de « party d’ambulances ».
« Dès qu’un patient a quelque chose, on l’envoie à l’hôpital en ambulance », affirme l’homme qui s’est confié au Journal sous le couvert de l’anonymat.
« ON ENVOIE MÊME LES MORTS »
Une résidente du centre Christ-roi, qui s’est elle-même retrouvée en ambulance à la fin du mois de décembre, déplore le fait qu’aucun nouveau médecin n’est encore annoncé au CHSLD. « On est plusieurs à partir en ambulance, on envoie même les morts », affirme la dame de 78 ans, qui préfère qu’on taise son nom.
Depuis plusieurs semaines, les CHSLD Louis-hébert, Sacré-coeur et Christ-roi sont sans médecins. Et d’ici la fin du mois, les résidents des CHSLD Villa Alphonse-bonenfant, Yvonne-sylvain, Du Fargy et Saint-augustin subiront le même sort.
HORS DE LEUR CONTRÔLE
Au CIUSSS de la Capitale-nationale, on indique que la situation est hors de leur contrôle.
« On ne peut pas forcer les médecins à venir y pratiquer [en CHSLD], puisqu’ils sont des travailleurs autonomes », mentionne la porte-parole Annie Ouellet.
En rencontre avec la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) mardi soir, le PDG s’est toutefois dit « préoccupé » par la situation. « Je crois que le ministère, le ministre [de la Santé] et la FMOQ [Fédération des médecins omnipraticiens du Québec] sont en fin de discussions qui devraient nous apporter des leviers pour corriger la situation rapidement », a indiqué Michel Delamarre.