Une « apparence de problème systémique »
À la suite du suicide d’une jeune étudiante en médecine, le Bureau du coroner recommande à l’université Laval de revoir les politiques d’évaluation de stage afin d’atténuer les sources d’anxiété, de compétition et d’exclusion.
Dans 12 pages bien documentées, la coroner Andrée Kronström revient sur les derniers mois de vie de la jeune stagiaire de 23 ans qui s’est enlevé la vie en mai 2015. Comme pour la majorité des suicides, de nombreux facteurs ont mené au geste d’anne-sophie, a expliqué la coroner en entrevue au Journal.
Néanmoins, elle met l’accent sur les politiques et les outils de la Faculté de médecine pour encadrer ses étudiants en médecine. Me Kronström affirme qu’il y avait une « apparence » de problème systémique axé sur la performance. Toutefois, son rôle n’est pas d’enquêter sur ce sujet.
POLITIQUES INCOMPRISES
Il semble que les politiques d’évaluation soient mal comprises et que l’obtention d’une mention « limite » est perçue comme « catastrophique » et nuirait à l’obtention de la spécialité convoitée. Me Kronström écrit que l’étiquette « d’étudiant en difficulté » stigmatiserait l’externe qui aurait peine à se faire choisir.
Elle souligne que les externes ne doivent pas dépasser 10 heures de travail et d’université par jour, pour une limite de 55 heures par semaine. Or, la coroner mentionne que certains étudiants de la cohorte d’anne-sophie rencontrés « semblaient vivre dans un climat de compétition et ont une forte propension à être compulsifs ». Aussi, il ne serait pas bien vu de prendre des congés et de limiter les heures de travail.
« Les étudiants et les maîtres de stage ne suivraient pas la politique, car ils l’ignoreraient ou ne se sentiraient pas obligés de la respecter », explique Mme Kronström.
Cette investigation sera transmise à la rectrice de l’université Laval, à l’ombudsman de l’établissement, mais également à toutes les facultés de médecine du Québec.
SÉJOUR EN PSYCHIATRIE
Enfin, elle souligne dans son rapport que le suicide d’anne-sophie est survenu deux jours après un séjour en psychiatrie, où elle avait été internée. Mais, alors lorsque la psychiatre qui s’occupait d’anne-sophie a dû s’absenter, un autre psychiatre a décidé de mettre fin à son séjour. « Ce facteur m’apparaît extrêmement préoccupant », a mentionné la coroner.
D’ailleurs, le psychiatre qui lui a donné son congé a fait l’objet d’une plainte au Collège des médecins et il a consenti à restreindre son champ de pratique et à faire l’objet d’une évaluation.