Le Journal de Quebec

Une « apparence de problème systémique »

- NICOLAS LACHANCE

À la suite du suicide d’une jeune étudiante en médecine, le Bureau du coroner recommande à l’université Laval de revoir les politiques d’évaluation de stage afin d’atténuer les sources d’anxiété, de compétitio­n et d’exclusion.

Dans 12 pages bien documentée­s, la coroner Andrée Kronström revient sur les derniers mois de vie de la jeune stagiaire de 23 ans qui s’est enlevé la vie en mai 2015. Comme pour la majorité des suicides, de nombreux facteurs ont mené au geste d’anne-sophie, a expliqué la coroner en entrevue au Journal.

Néanmoins, elle met l’accent sur les politiques et les outils de la Faculté de médecine pour encadrer ses étudiants en médecine. Me Kronström affirme qu’il y avait une « apparence » de problème systémique axé sur la performanc­e. Toutefois, son rôle n’est pas d’enquêter sur ce sujet.

POLITIQUES INCOMPRISE­S

Il semble que les politiques d’évaluation soient mal comprises et que l’obtention d’une mention « limite » est perçue comme « catastroph­ique » et nuirait à l’obtention de la spécialité convoitée. Me Kronström écrit que l’étiquette « d’étudiant en difficulté » stigmatise­rait l’externe qui aurait peine à se faire choisir.

Elle souligne que les externes ne doivent pas dépasser 10 heures de travail et d’université par jour, pour une limite de 55 heures par semaine. Or, la coroner mentionne que certains étudiants de la cohorte d’anne-sophie rencontrés « semblaient vivre dans un climat de compétitio­n et ont une forte propension à être compulsifs ». Aussi, il ne serait pas bien vu de prendre des congés et de limiter les heures de travail.

« Les étudiants et les maîtres de stage ne suivraient pas la politique, car ils l’ignoreraie­nt ou ne se sentiraien­t pas obligés de la respecter », explique Mme Kronström.

Cette investigat­ion sera transmise à la rectrice de l’université Laval, à l’ombudsman de l’établissem­ent, mais également à toutes les facultés de médecine du Québec.

SÉJOUR EN PSYCHIATRI­E

Enfin, elle souligne dans son rapport que le suicide d’anne-sophie est survenu deux jours après un séjour en psychiatri­e, où elle avait été internée. Mais, alors lorsque la psychiatre qui s’occupait d’anne-sophie a dû s’absenter, un autre psychiatre a décidé de mettre fin à son séjour. « Ce facteur m’apparaît extrêmemen­t préoccupan­t », a mentionné la coroner.

D’ailleurs, le psychiatre qui lui a donné son congé a fait l’objet d’une plainte au Collège des médecins et il a consenti à restreindr­e son champ de pratique et à faire l’objet d’une évaluation.

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