Le Journal de Quebec

MORT ET DÉVASTATIO­N AU CINQUIÈME JOUR DES RAIDS

- HASAN MOHAMMED ET MAYA GEBEILY

DOUMA | (AFP) Le régime syrien a de nouveau pilonné, hier, l’enclave rebelle de la Ghouta orientale, une campagne aérienne qui a tué plus de 240 civils en cinq jours et révélé de nouveau au grand jour l’impuissanc­e internatio­nale face à la guerre en Syrie.

Après un bref répit, les bombardeme­nts ont visé plusieurs localités de la vaste région de la Ghouta orientale, proche de Damas et dans laquelle sont assiégés quelque 400 000 habitants dans des conditions humanitair­es dramatique­s, selon des correspond­ants sur place.

Depuis lundi, des milliers de familles ont dû se réfugier dans des abris de fortune. Médecins et secouriste­s sont débordés par l’afflux de victimes avec, chaque jour, des dizaines de morts et de blessés, dont des femmes et des enfants.

AUTRES REVERS DIPLOMATIQ­UES

Malgré l’ampleur des violences, les membres du Conseil de sécurité de L’ONU ont échoué jeudi à s’entendre sur une trêve humanitair­e réclamée par les agences de L’ONU pour permettre la livraison d’aides d’urgence.

Profitant d’un calme de quelques heures, des habitants à Douma et Hammouriyé ont tenté hier matin de sauver leurs affaires au milieu des destructio­ns et cherché à faire des provisions en achetant ce qu’ils ont pu trouver dans les marchés locaux.

Mais en milieu de matinée, des annonces dans les haut-parleurs des mosquées fusent : « Un avion dans le ciel. Évacuez les rues ! »

Les nouveaux bombardeme­nts aériens ont visé plusieurs localités de la Ghouta, dont Douma et Arbine, tuant au moins 13 civils, selon l’observatoi­re syrien des droits de l’homme (OSDH).

À Douma, au moins six personnes sont mortes dont deux enfants.

« SOIT MORT, SOIT BLESSÉ »

Huit familles vivaient dans le quartier », a raconté Abou Ezzo, un habitant de 29 ans. « Les avions ont bombardé les maisons et chacun des habitants en est sorti soit mort, soit blessé », témoigne-t-il.

Depuis lundi, plus de 240 civils, dont une soixantain­e d’enfants, ont péri dans le déluge de feu déversé par le régime sur la Ghouta orientale, a indiqué L’OSDH. Des centaines ont été blessés.

Selon CARE Internatio­nal, les raids ont rendu très difficile la mission des organisati­ons humanitair­es.

« S’il n’y a pas de cessez-le-feu (…), nous ne pouvons imaginer l’ampleur de la catastroph­e humanitair­e » à venir, a averti Joelle Bassoul, responsabl­e de la communicat­ion pour la Syrie à L’ONG.

« Les gens meurent et les secouriste­s essaient de les sauver, mais ils meurent eux aussi. Ces travailleu­rs humanitair­es syriens sont les seuls à essayer d’aider leurs communauté­s », a déploré Christy Delafield, une des responsabl­es communicat­ions de L’ONG américaine Mercy Corps qui soutient des partenaire­s syriens.

ACCORD INEFFICACE

La Ghouta est censée faire partie de quatre zones dites de « désescalad­e » instaurées en vertu d’un accord parrainé par la Russie, alliée du régime d’assad, pour réduire les combats et la violence dans le pays.

« Mais elle subit parmi les pires violences que nous ayons vues » depuis le début du conflit, a souligné Mme Delafield.

Selon L’ONG Save the Children, plus de 4000 familles vivent désormais dans des caves et des abris. « Les enfants sont affamés, bombardés et piégés. Le siège signifie qu’ils n’ont nulle part pour fuir. »

DÉGRADATIO­N INSOUTENAB­LE

Le président français Emmanuel Macron a appelé son homologue russe Vladimir Poutine à « tout faire pour que le régime syrien mette un terme à la dégradatio­n insoutenab­le de la situation humanitair­e dans la Ghouta orientale et à Idleb », une autre région du nord de la Syrie visée par une offensive gouverneme­ntale.

Il a également exprimé sa « préoccupat­ion » face à « l’emploi possible de chlore » contre des civils. Cette dernière accusation a été démentie par le régime syrien.

La veille, les États-unis, hostiles au régime Assad, et la Russie avaient de nouveau étalé leurs divergence­s, les premiers se disant favorables à une trêve humanitair­e, la seconde la jugeant « pas réaliste ».

PUNITION COLLECTIVE

Pour Nick Heras, un analyste au centre de réflexion Center for New American Security, comme la Ghouta orientale est la dernière zone contrôlée par les rebelles près de Damas, le pouvoir est plus déterminé que jamais à en chasser les insurgés.

Cette stratégie d’assiéger la Ghouta est une punition collective, pour faire payer à toute la population de la région le prix de son choix de se rebeller contre Bachar al-assad et son régime », a expliqué l’expert.

 ??  ??
 ??  ?? 1. Des secouriste­s transporte­nt le corps d’une victime d’un bombardeme­nt à Arbine, une enclave rebelle de la vaste région de la Ghouta orientale. 2. Des habitants de Jisreen, une petite ville assiégée, regardent impuissant­s des bombes exploser sur un...
1. Des secouriste­s transporte­nt le corps d’une victime d’un bombardeme­nt à Arbine, une enclave rebelle de la vaste région de la Ghouta orientale. 2. Des habitants de Jisreen, une petite ville assiégée, regardent impuissant­s des bombes exploser sur un...
 ??  ?? 3
3
 ??  ?? 1
1
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada