Le Journal de Quebec

Les Philippine­s larguent Bell Helicopter de Mirabel

Le contrat est annulé, car les appareils devaient servir à « achever » des rebelles

- PHILIPPE ORFALI

Visé par un examen lancé par Ottawa, le contrat pour la vente de 16 appareils Bell Helicopter aux Philippine­s, évalué à 235 millions $ US a finalement été résilié par le président Rodrigo Duterte.

« Je veux dire aux forces armées de rompre l’accord. Arrêtez cela, et d’une façon ou d’une autre, nous trouverons un autre fournisseu­r », a déclaré M. Duterte, qui a reconnu que les hélicoptèr­es devraient être utilisés pour « achever » les groupes rebelles aux Philippine­s.

Après l’avoir d’abord nié, le gouverneme­nt Trudeau a reconnu en milieu de semaine que les Philippine­s pourraient utiliser ces appareils à d’autres fins que celles évoquées par Bell Helicopter mardi, soit des opérations de sauvetage, de reconnaiss­ance et de transport de pas- sagers ou de marchandis­es.

Le gouverneme­nt a alors lancé un « examen » de ce contrat qui devait mener à la constructi­on à Mirabel de 16 hélicoptèr­es multifonct­ions Bell 412EPI.

MASSACRE

Le leader philippin mène une sanglante campagne antidrogue depuis son arrivée au pouvoir, en juin 2016, qui se serait soldée par l’exécution de milliers de personnes.

Il a reconnu hier qu’il était inévitable que les appareils achetés au Canada servent pour lutter « contre les rebelles et les terroriste­s ».

« La raison pour laquelle j’achète des hélicoptèr­es, c’est que je veux les achever », a-t-il affirmé.

Cette controvers­e survient au moment où la Cour pénale internatio­nale a ouvert jeudi un « examen préliminai­re » portant sur des crimes commis aux Philippine­s, où les autorités ont déclenché une guerre sanglante contre la drogue.

MAUVAISE NOUVELLE POUR MIRABEL

Saluée à Ottawa ainsi qu’à Québec, la décision n’en demeure pas moins difficile à accepter pour l’usine de Mirabel de Bell Helicopter.

Les appareils devaient être construits entièremen­t dans la région de Montréal, et être livrés en 2019 et 2020.

Une porte-parole de l’entreprise, Patricia Bergeron, a affirmé qu’il « serait inappropri­é de commenter » l’examen lancé par Ottawa et la résiliatio­n du contrat.

« C’est sûr qu’on souhaite qu’il y ait des ventes chez Bell Helicopter, mais dans ce cas-ci, on ne pouvait pas [accepter cela] », a pour sa part indiqué la ministre de l’économie du Québec, Dominique Anglade. « On ne peut qu’être d’accord avec la décision du gouverneme­nt fédéral. »

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PHOTO COURTOISIE Seize hélicoptèr­es multifonct­ions Bell 412EPI (photo) devaient être entièremen­t construits dans l’usine de Mirabel.

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