Le Journal de Quebec

Faut-il tout payer avec sa carte de crédit ?

- Emmanuelle Gril Collaborat­ion spéciale

Depuis quelques années, Stéphane utilise sa carte de crédit pour payer absolument toutes ses dépenses. Ce faisant, il espère profiter des points et des rabais offerts par la compagnie émettrice. Mais il a plutôt frappé un mur !

Stéphane et sa conjointe, Marie-josée, sont dans le début de la cinquantai­ne. Leurs deux grands enfants de 22 et 24 ans vivent encore sous leur toit, en attendant de finir leurs études. Stéphane occupe un poste dans la fonction publique alors que Marie-josée est adjointe administra­tive.

Le couple utilise la carte de Stéphane pour tous les achats, et même les gros paiements comme les remboursem­ents du prêt automobile et de l’hypothèque, en plus des dépenses et factures courantes. À la fin de chaque mois, Marie-josée rembourse sa part à son conjoint. Au bout du compte, c’est environ 4000 $ par mois qui passent par la carte de crédit. Quand soudain, tout bascule…

ÇA SE COMPLIQUE…

En septembre dernier, le couple décide de faire rénover la cuisine de sa résidence. Coût total du projet : 12 000 $, qui sont portés sur la carte de crédit. Malheureus­ement, à la fin du mois de novembre, Marie-josée se retrouve en arrêt de travail pour épuisement profession­nel. À son retour au bureau en janvier, elle apprend que son poste a été aboli à la suite d’une restructur­ation.

« Or, avec les Fêtes, le solde de la carte de crédit a grimpé à 9000 $. À cela s’ajoute 7000 $ restant à payer pour les travaux de la cuisine, en plus de 4000 $ de dépenses courantes pour le mois de janvier. En un trimestre seulement, Stéphane se retrouve pris à la gorge avec une dette de 20 000 $ », énumère Pierre Fortin, syndic autorisé en insolvabil­ité, président de Jean Fortin et Associés. Stéphane effectue son paiement mensuel habituel de 4000 $, mais il lui reste encore 16 000 $ à rembourser

sur lesquels courent des intérêts de 20 %. Qui plus est, puisque Marie-josée est au chômage, elle ne parvient plus à débourser le plein montant de sa part de dépenses du ménage.

LE PIÈGE DU CRÉDIT

Stéphane est tombé dans le piège du crédit qui donne la possibilit­é d’acheter maintenant et de payer plus tard. Pour se sortir de ce mauvais pas, le syndic a suggéré au couple de couper dans ses dépenses en attendant que Marie-josée décroche un nouvel emploi. Les bons revenus de Stéphane lui permettron­t de continuer à faire des paiements minimums sur la carte de crédit en attendant que la situation se stabilise. « À terme, je recommande que le couple obtienne une marge de crédit afin de rembourser le solde de la carte et éviter ainsi les taux d’intérêt de 20 % », conseille M. Fortin.

Il rappelle qu’une carte de crédit ne devrait être qu’un outil de paiement et non pas un instrument de crédit. « De plus, après avoir étudié 18 000 dossiers

déposés auprès de notre firme, nous avons constaté que la baisse de revenus soudaine causée par une perte d’emploi ou arrêt de travail est responsabl­e de plus d’un cas sur trois », souligne Pierre Fortin. Il conseille donc de se constituer un fonds d’urgence et d’avoir accès à une marge de crédit, une solution de crédit moins coûteuse qu’une carte à 20 % d’intérêt.

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