UNE MÉDAILLE COMME PLAN A
Alex Harvey attaque sa mission avec le skiathlon de 30 km demain Alain Bergeron
ALPENSIA | « Pourquoi remettre à plus tard ce qu’on peut faire maintenant ? » nous répètent nos parents. Plus facile à dire qu’à réaliser quand il est question de gagner une médaille olympique, mais Alex Harvey aimerait bien y arriver dès sa première épreuve, demain aux Jeux.
Ce podium tant convoité dont il est question depuis quatre ans, il se laissera désirer au skiathlon de 30 km, un exercice divisé à moitiés égales entre le style classique et le style libre qui tombe justement dans les cordes du skieur de Saint-ferréol. Régler le cas à la première des quatre courses individuelles lui permettrait de mieux y voir dans son agenda des deux prochaines semaines.
« C’est le plan A. Si ce n’est pas ce plan A qui arrive, je sais que j’ai encore plusieurs autres bonnes chances. Mais c’est sûr que ça rendrait la chose tellement plus simple », avoue celui qui deviendra l’un des athlètes canadiens les plus observés en Corée du Sud.
SAVOIR TOURNER LA PAGE
Dans un autre épisode de vent mordant, vendredi midi (jeudi soir au Québec) au centre de ski Alpensia, il nous est apparu plutôt relaxe à 48 heures de sa première grosse commande. Il s’est arrêté sur le bord de la piste pour nous faire la jasette avant même la fin de son entraînement, signe que le niveau de forme élevé et la confiance l’autorisent à étaler ses ambitions au-delà de la première journée si le podium ne voulait pas de lui au premier jour.
« Je me suis préparé aussi si cela ne fonctionne pas. Il faudrait que je tourne la page. Il faudrait que le soir, quand je vais me coucher, que je regarde ma course et que j’en parle un peu avec Louis (Bouchard, son entraîneur), mais que lorsque je m’endors, il faut que la page soit tournée parce que la suite arrive vite », projette-t-il.
PARMI LES ASPIRANTS
Si l’on se fie aux habitudes récentes de la Coupe du monde, le skieur québécois appartient à la même meute des cinq ou six renards les plus rusés qu’on voit souvent rôder autour du poulailler. Tantôt dans des épreuves de sprint, tantôt dans celles de distance, Harvey a fait la démonstration qu’il figurait toujours parmi les aspirants au trio d’honneur d’une course en raison de sa polyvalence.
Sa quatrième place au classement cumulatif de la saison nous dit qu’il joue dans les mêmes talles que les meilleurs spécialistes multitâches comme le Norvégien Johannes Hoesflot Klaebo, le Suisse Dario Cologna et le Kazakh Alexey Poltoranin. Dans la preuve la plus récente, son deuxième rang au 15 km de Seefeld en Autriche il y a deux semaines, malgré une fatigue prévisible à la fin d’un camp en altitude, livre un bon indice sur la place qu’il occupe maintenant.
« Sans Ustiugov (le Russe double champion du monde exclu des Jeux par le CIO) qui n’est pas ici, ça laisse quatre ou cinq gars à chaque épreuve qui sont vraiment forts et Alex est l’un d’eux. Si ce n’était pas contre la loi, je miserais de l’argent sur lui de le voir gagner trois médailles », soulevait son coéquipier et ami Devon Kershaw cette semaine.
DES AIRS DE SUÈDE EN 2015
La première semaine des Jeux proposera trois épreuves permettant à Harvey de découvrir de quel bois est fait un podium olympique. Après dimanche, le sprint individuel en style classique de mardi et le 15 km en style libre de vendredi l’encouragent dans sa mission.
« J’ai hâte de commencer. Je me sens prêt. Ça n’a pas été comme ça dans tous les championnats dans ma carrière, mais là je me sens prêt pour peaker dès le début des Jeux, un peu comme je l’avais fait à Falun », affirme l’athlète de 29 ans, qui misera également sur le traditionnel 50 km au dernier samedi des Jeux.
Pour rafraîchir les mémoires, le « Falun » évoqué fait référence aux championnats mondiaux de février 2015 dans cette ville du centre de la Suède. En ouverture, il avait terminé deuxième au sprint individuel, puis troisième au skiathlon de 30 km, deux jours plus tard...