Au-dessus de la mêlée
Panthène noire s’écarte des films de superhéros
Panthère noire, le nouveau blockbuster de Marvel détonne dans le paysage cinématographique américain à plus d’un titre. Car T’challa (Chadwick Boseman), le roi du Wakanda et un superhéros connu des siens comme étant la Panthère noire, ne sauve pas le monde.
T’challa doit avant tout sauver son pays du péril représenté par Ulysses Klaue (Andy Serkis), un criminel blanc qui veut mettre la main sur le vibranium, métal indestructible qu’on ne trouve que dans la nation africaine. Il doit également, après la mort de son père, assurer sa position sur le trône, celle-ci étant mise en doute par Killmonger (Michael B. Jordan).
L’intelligence du réalisateur et coscénariste Ryan Coogler est d’avoir su éviter le piège d’une parabole des tensions raciales existant aux États-unis. En faisant se dérouler la presque intégralité du scénario au Wakanda, il s’assure ainsi de tuer les critiques dans l’oeuf, et rappelle aux Afro-américains qu’ils ont toutes les raisons d’être fiers de leur passé et donc de leur présent. Il fait ainsi de ce Panthère noire, non pas un film sur la supériorité noire, mais un sur la supériorité de l’afrique, le berceau de l’humanité ; un point renforcé par le fait que tous les acteurs adoptent un accent africain dans la version originale.
CRITIQUES
Les piques contre les Blancs, ravalés au rang de « colonisateurs », ne manquent pas, les dialogues jouant habilement, et avec beaucoup d’humour, sur les préjugés tenaces à l’endroit des Noirs. Les critiques contre la société occidentale, vénale et cupide, sont aussi légion. Ici, l’afrique est le modèle moral, philosophique, économique et culturel, le Wakanda, pays vierge de toute influence blanche, étant l’idéal auquel tous ne peuvent qu’aspirer.
En fin de compte, les Noirs ne sont ni d’anciens esclaves ni de gentils sous-fifres. Maîtres de leur destin, ils n’ont besoin de personne pour leur venir en aide. En outre, les femmes ne sont pas reléguées au rang de trophées ou de faire-valoir. Dans un univers où T’challa détient ses pouvoirs d’une plante, Oyoke, sa générale, doit les siens à son entraînement, ses réflexes et sa force. C’est donc bien elle, et non la Panthère noire, qui obtiendra la reddition inconditionnelle des ennemis du souverain.
Panthère noire s’élève donc au-dessus de la mêlée des films du genre sans jamais renier sa vocation de film grand public. Les effets spéciaux, incluant les décors, sont à couper le souffle, la musique aux rythmes africains omniprésents est en parfaite adéquation avec les images, les costumes sont une merveille de mélanges culturels tribaux, les scènes de combat sont élégantes, les acteurs, dont certains britanniques, sont tous parfaits, de même que l’humour caustique qui arrive toujours à point nommé. Enfin, voici un film de superhéros qui est bien plus que cela.