Le Journal de Quebec

15 mois pour voir un spécialist­e

Réjean Marin devait pourtant être opéré d’urgence à la hanche

- KATHRYNE LAMONTAGNE

Un homme de Québec qui devait être opéré d’urgence à la hanche a été forcé de patienter plus de 15 mois avant de pouvoir consulter un spécialist­e.

En juillet 2016, Réjean Marin recevait de son médecin de famille une référence afin qu’il consulte rapidement un orthopédis­te. « Il y avait eu des radiograph­ies et il disait que j’avais de l’arthrose sévère à la hanche gauche. Il me référait à un spécialist­e pour les os », explique le patient de 78 ans.

M. Marin a entamé des démarches afin de trouver un orthopédis­te. Sur le web, il tombe sur d’excellents commentair­es provenant de patients qui ont consulté le Dr Étienne Belzile, à l’hôpital de l’enfant-jésus. « Je me suis rendu directemen­t au secrétaria­t, j’ai déposé ma demande », résume-t-il.

Le patient s’attendait à un retour dans les semaines ou les quelques mois suivants. « J’en ai jamais eu. J’ai fait quelques téléphones au secrétaria­t, on m’a dit que j’étais chanceux, que j’étais dans les priorités », explique-t-il. On l’informe aussi que le Dr Belzile gère lui-même ses listes d’attente et détermine ainsi les patients à voir de façon prioritair­e.

RELANCE

En mai 2017, toujours rien. M. Marin contacte son médecin de famille, qui formule une demande au centre de répartitio­n des demandes de services (CRDS), que le CHU de Québec utilisait depuis quelques mois. La requête, renvoyée au Dr Belzile, mentionne une arthrose « importante » à la hanche et précise que le patient ne « dort plus ».

Malgré ce rappel, c’est le statu quo. Dans une ultime tentative de sensibilis­er le Dr Belzile à sa cause, le septuagéna­ire lui fait parvenir en septembre une lettre par courrier recommandé. « Il m’a appelé, mais je n’étais pas à la maison. Il m’a laissé un message pour me dire qu’il avait pris connaissan­ce de ma lettre. Mais ça n’a pas fait avancer les choses », dit-il.

À bout de nerfs, M. Marin s’est présenté à un autre hôpital, au CHUL, où son cas a été classé « urgent », confirme le CHU de Québec. Le verdict est tombé : sa hanche gauche était « finie » et nécessitai­t une opération « dans les plus brefs délais », évoque M. Marin. « Il fallait prévoir une arthroplas­tie pour remplacer ma hanche au complet », résume-t-il.

PLAINTE

Réjean Marin n’a jamais été rappelé par le Dr Étienne Belzile. Il lui a envoyé une seconde lettre, en octobre, pour l’informer de son diagnostic et de l’opération à venir. Le mois suivant, toujours sans nouvelle, il déposait une plainte contre lui au Collège des médecins.

« Je trouve que c’est vraiment négligent de ne pas avoir donné de nouvelles. S’il était débordé au moment où j’ai déposé ma demande de consultati­on, il aurait pu me dire qu’il était débordé et me donner des noms en référence. Là, j’ai perdu mon temps », dénonce l’homme qui a finalement pu se faire opérer le 2 février dernier.

Au CHU de Québec, la porte-parole précise que « les demandes de consultati­on sont toujours évaluées par les médecins traitants et il leur appartient de réévaluer la priorité ou non ». Le Dr Étienne Belzile n’a pas rendu les appels du Journal.

 ?? PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E ?? Sans nouvelle d’un premier orthopédis­te durant 15 mois, Réjean Marin a fait des démarches auprès d’un autre hôpital, où un spécialist­e a jugé son cas urgent. Il a été opéré le 2 février dernier. Sur la photo, prise en décembre, M. Marin espérait une...
PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E Sans nouvelle d’un premier orthopédis­te durant 15 mois, Réjean Marin a fait des démarches auprès d’un autre hôpital, où un spécialist­e a jugé son cas urgent. Il a été opéré le 2 février dernier. Sur la photo, prise en décembre, M. Marin espérait une...

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