Barrette : avec lui ou sans lui ?
Plus de 50 000 personnes viennent de signer une pétition réclamant la démission de Gaétan Barrette.
L’initiative n’a aucune portée légale et ne sert que de moyen de pression.
En 2012, 250 000 Québécois avaient signé, en vain, une pétition réclamant le départ de Jean Charest.
L’affaire illustre cependant à quel point M. Barrette est devenu, pour le PLQ, un boulet qui plombe ses chances de réélection.
Aucun autre ministre ne suscite davantage de réactions négatives dans la population.
On sacrifie parfois le dernier de la cordée pour sauver les autres alpinistes.
CIBLE
Retenons-nous cependant de pronostiquer que le PLQ sera balayé aux élections.
Le sondage Léger de janvier lui donnait 28 % des intentions de vote.
Le pire score du PLQ dans toute son histoire fut son 31 % des voix en 2012. Mais cela lui donna tout de même 50 sièges.
On verra au soir du 1er octobre, mais il est vrai que le PLQ semble démarrer chaque élection avec un minimum de 40 sièges gagnés d’avance.
Même quand il est sévèrement battu, il conserve assez d’appuis pour espérer retrouver le pouvoir rapidement.
C’est évidemment en raison de ses appuis massifs chez les non-francophones.
On a souvent pronostiqué que ceuxci finiraient par le lâcher. On attend toujours.
Il reste que les stratèges du PLQ doivent se demander comment rebondir.
À l’évidence, les baisses d’impôt et la bonne tenue de l’économie n’ont pas les retombées escomptées.
Forcément, cela ramène les penseurs du PLQ au dilemme Barrette : le garder ou pas ?
Imaginons M. Couillard faisant une campagne électorale avec M. Barrette dans son équipe.
Examinons froidement les avantages et les inconvénients.
Est-il sympathique ? Non. Amène-til des votes ? Non. Est-il associé à des changements perçus positivement ? Non.
Incarne-t-il l’arrogance ? Oui. En fait, j’ai peine à me souvenir d’une personnalité aussi polarisante dans un contexte qui ne soit pas référendaire.
Attire-t-il la controverse ? Oui, comme un aimant attire la ferraille.
Offrirait-il une cible juteuse sur une base quotidienne aux partis d’opposition ? Oui, ils ne peuvent espérer mieux et ils s’en promettent.
Ils dénonceront les chambardements qui n’ont rien donné, les médecins spécialistes partis avec la caisse, les infirmières épuisées, etc.
MM. Couillard et Barrette seront suivis par des manifestants.
Les médias boiront cela comme du petit-lait. Les images ne seront pas belles.
LE LARGUER ?
Supposons maintenant que M. Couillard force le départ de M. Barrette avant les élections.
Le bilan libéral en santé sera quand même durement critiqué, mais M. Couillard pourra au moins dire que son encombrant ministre fait partie du passé.
Le garder et faire campagne avec lui ? Je n’y vois pas un seul avantage.
On sacrifie parfois le dernier de la cordée pour sauver les autres alpinistes.