Le Journal de Quebec

L’absurdité de la presse anglophone

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

Dimanche soir, c’était la grande fête annuelle de la télévision anglophone et du cinéma canadien. Le centre Sony de Toronto débordait de beau monde et la CBC brillait de tous ses feux. Nous avons eu droit à deux heures d’un gala qui n’avait rien à envier aux Golden Globes ou aux Oscars.

Pour la première fois depuis longtemps, la CBC présentait en heure de grande écoute un gala de deux heures pour célébrer le cinéma et la télévision d’ici. Pour une première fois aussi, l’académie du cinéma et de la télévision avait compris qu’on peut avec succès confier l’animation d’un gala à des artistes canadiens qui n’ont pas fait carrière seulement aux États-unis.

Malgré une animation sobre et très amusante d’emma Hunter ( Mr. D) et de Jonny Harris ( Murdoch Mysteries), malgré des hommages bien sentis à Rick Mercer, Peter Mansbridge et Margaret Atwood, sept des 14 quotidiens anglophone­s les plus influents du pays que j’ai consultés n’ont soufflé mot des Prix Écrans canadiens dans leur livraison d’hier. Une absurdité !

UNE PLACE MARGINALE

Qu’on cesse de se demander pourquoi l’écoute des meilleures séries anglophone­s diminue. Magazines et journaux du pays ne leur accordent qu’une place marginale. Tout l’espace est occupé par la télé et le cinéma des États-unis. Voilà au moins une situation dont Donald Trump ne peut se plaindre.

Notre télévision, anglophone et francophon­e, n’a jamais été aussi captivante. On ne peut tout voir tant l’offre est abondante. Elle ne cesse d’augmenter, même si nos réseaux traditionn­els doivent affronter la concurrenc­e démesurée de distribute­urs comme Netflix et Amazon qui envahissen­t notre territoire comme s’il était le leur.

Si notre télévision française s’en tire bien, ce n’est pas le cas de la télé anglophone, dont les cotes d’écoute continuent de fondre. Ce n’est pourtant pas faute de bonnes émissions et d’excellente­s séries. Alias Grace, Anne, Murdoch Mysteries, Cardinal, Kim’s Convenienc­e et tant d’autres valent autant que tout ce que présentent les réseaux américains et les Netflix de ce monde. Malgré tout, c’est à peine si ces émissions arrivent à toucher un million de spectateur­s.

UNE VRAIE ABERRATION

À titre de comparaiso­n, District 31, une dramatique quotidienn­e réalisée sans trop de moyens, réunit chaque jour deux fois plus de spectateur­s que Mary Kills People, Orphan Black ou Heartland, des séries coûteuses, produites avec soin.

Maudie, le film qui raconte la vie misérable de Maud Lewis, une des plus célèbres artistes naïves du monde née en Nouvelle-écosse, a remporté le Prix Écran du meilleur long métrage et six autres prix, dont celui de la meilleure actrice pour Sally Hawkins. Aisling Walsh, la réalisatri­ce de Maudie, est d’une telle modestie qu’il a fallu la pousser au micro pour qu’elle s’adresse au public.

Hélas ! à part quelques critiques élogieuses, la presse n’a presque pas parlé de ce film. Même s’il vaut autant, sinon mieux, que La forme de l’eau (dont Sally Hawkins est aussi la vedette), Maudie a réuni deux fois moins de spectateur­s en salle que District 31 à la télé !

La manière dont la presse anglophone fait la promotion de la télévision et du cinéma américains au détriment de notre culture et de notre identité est une véritable honte.

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