Le Journal de Quebec

Des pièges à éviter pour le tramway de Québec

- KARINE GAGNON

TORONTO | Québec doit éviter d’opter pour un modèle de tramway trop personnali­sé et spécialisé — erreur qu’a commise Toronto et qui occasionne des coûts et des délais supplément­aires, en plus de causer des problèmes de livraison avec le fabricant, Bombardier.

« Si j’ai un conseil à donner, c’est celui-là, glisse Josh Colle, président de la Commission de transport de Toronto. Peu importe de qui vous achetez, optez pour un concept qui existe déjà et qui est standard. Ne faites pas comme Toronto, qui a pensé que ça prenait un véhicule spécialeme­nt pour Toronto, avec des rails, des plates-formes, des rampes d’accès particuliè­res », dit-il, précisant que ces choix ont été réalisés bien avant son arrivée.

« Les coûts augmentent avec les délais, rappelle M. Colle. Il ne faut pas l’oublier […] Nous l’avons appris à la dure. » Si Québec optait pour ce modèle, toutefois, il pourrait économiser sur les coûts de conception. Le fabricant détiendrai­t l’expertise, et le système aurait été testé.

Toronto a conclu en 2009 une entente majeure de 851 M$ avec Bombardier pour l’acquisitio­n de 204 voitures. Les problèmes de livraison ont toutefois forcé les autorités municipale­s à repousser les échéancier­s à maintes reprises. L’entreprise devait avoir fourni autour de 125 véhicules à ce jour, mais la Ville n’en a reçu que 65.

Il ne faut pas non plus investir tous les fonds dans la constructi­on ou le design des stations, souligne le consultant Steve Munro. L’important est de s’assurer d’un passage fréquent et efficace qui fait économiser du temps aux usagers.

BIEN INFORMER

Tout comme à New York, l’importance de bien informer la population ressort comme un aspect très important pour la réussite du projet. « Le premier tronçon qui sera construit devra être optimal, expose Josh Colle, car la perception qui s’en dégage teintera l’ensemble des phases qui s’ajouteront ensuite. »

Afin de susciter l’adhésion au projet, il faut aussi faire ressortir les avantages inhérents à l’aménagemen­t du tracé : ajout d’éclairage, d’espaces verts, réaménagem­ent des trottoirs ou d’espaces piétonnier­s par exemple. À Québec, la Ville a prévu une somme de 300 M$ pour réaliser divers aménagemen­ts le long du parcours.

UNE BONNE SOLUTION

Selon M. Colle, le tramway représente une bonne solution aux problèmes de congestion routière, ne serait-ce que parce qu’il peut transporte­r un grand nombre de personnes. « Il peut faire le travail de trois autobus, illustre-t-il. Et si tout se passe bien, que le service est bon et efficace, de plus en plus de gens auront envie de l’utiliser et de laisser tomber la voiture ou le taxi pour se déplacer. C’est ça l’idée. »

Il ne faut pas non plus exagérer l’efficacité du tramway par rapport à la congestion routière, souligne M. Munro. C’est pourquoi le projet doit s’inscrire dans une stratégie globale d’améliorati­on du transport en commun.

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PHOTO AGENCE QMI, DOMINIC CHAN Les changement­s apportés une fois que la constructi­on du tramway est lancée représente­nt le plus important facteur d’augmentati­on des coûts, selon le président de la Commission des transports de Toronto (CTT), Josh Colle.

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