La fascination pour Poutine
Dimanche, Vladimir Poutine a été réélu pour un quatrième mandat président de la Russie. Personne n’est surpris. Autant l’homme est redouté et détesté en Occident, où on ne voit en lui qu’un dictateur, autant il est vénéré chez lui. Dans un pays qui a une tradition autocratique forte, on l’y voit comme un homme fort ayant redressé son pays, humilié par la décennie qui a suivi la guerre froide.
IMPUISSANCE
Poutine a replacé la Russie sur la carte du monde. Alors qu’on se moquait d’elle, elle fait peur de nouveau. Et quoi qu’on en pense, les hommes aiment que leur pays soit puissant et même craint.
Effectivement, la Russie se conforme bien peu aux normes occidentales et heurte plusieurs de nos valeurs fondamentales. Le régime de Poutine est brutal. Mais on ne saurait sérieusement douter de l’appui populaire de Poutine.
Et comme le rappelle l’historienne Hélène Carrère d’encausse, dans Le Figaro, la Russie est un pays avec une trajectoire historique très particulière. Sa rencontre avec la démocratie est plutôt récente. Par ailleurs, le modèle démocratique occidental n’est pas à ce point idéal qu’il suscite immédiatement le désir de le reproduire.
TRUMP
Cela dit, Poutine fascine au-delà de ses frontières. La démocratie occidentale donne souvent l’image d’une société paralysée par la bureaucratie, où les minorités étouffent la volonté majoritaire et où le pouvoir des juges a remplacé celui des élus. Plusieurs rêvent d’un chef fort, capable de prendre une décision et de s’y tenir. C’est ce qui alimente d’ailleurs la poussée populiste européenne. Même l’amérique du Nord est touchée, comme en témoigne le phénomène Trump.
On en tirera une conclusion simple : pour éviter d’éveiller et de favoriser le populisme et l’autoritarisme, nos démocraties, que nous chérissons avec raison malgré leurs défauts et leurs limites, devraient éviter de se complaire dans l’impuissance politique, le politiquement correct et l’insignifiance.