« Cruel et inhumain »
Une experte se prononce contre la diffusion des images de l’attentat de la mosquée de Québec
Présenter les images vidéo captées par les caméras de surveillance de la mosquée de Québec lors de la tuerie perpétrée par Alexandre Bissonnette le 29 janvier 2017 serait « cruel et inhumain » selon une experte qui a visionné les vidéos.
Vendredi dernier, une psychiatre spécialisée en radicalisation avait expliqué au juge François Huot que les images, si elles étaient diffusées, pourraient servir à commettre d’autres actes terroristes, être utilisées par des groupes extrémistes ou inspirer des individus qui souhaiteraient recréer des tueries.
Toutefois, comme elle n’avait pas visionné les images au coeur du débat, le magistrat lui a demandé de le faire pour qu’il puisse rendre une décision éclairée dans la requête déposée par les médias qui souhaitent obtenir ces images.
Hier matin, la psychiatre a souligné au tribunal que le visionnement des vidéos n’avait pas modifié sa position, mais qu’au contraire il « ajoutait certains éléments à l’analyse clinique déjà faite ».
Selon la Dre Cécile Rousseau, la diffusion des vidéos amènerait les familles des victimes à devenir « des témoins impuissants ».
« Voir quelqu’un se faire assassiner est l’une des pires tortures qui puissent exister puisqu’aucun mécanisme de dissociation n’est possible, parce que si le témoin se dissocie, il abandonne l’être aimé », a mentionné la psychiatre pour qui il serait « cruel et inhumain » de diffuser les images.
« GLORIFICATION DE L’ANTIHÉROS »
Selon elle, la diffusion pourrait aussi amener « la glorification de l’antihéros qui est de plus en plus populaire au cinéma ».
« Ils ne sont pas beaux, pas bons et ils ont une faible estime d’eux-mêmes, mais ils font quelque chose d’extraordinaire qui s’inscrit dans l’histoire », a-t-elle ajouté.
Du côté des médias, l’avocat du consortium, Me Jean-françois Côté a souligné qu’en aucun cas, il n’était question de diffuser en entier les vidéos recueillies par les policiers ou de « montrer des images choquantes ou morbides ».
Toutefois, présenter certains extraits sélectionnés pourrait permettre au public de « se faire sa propre idée » sur un débat « hautement d’intérêt public ».
Il a également rappelé au juge Huot qu’il était susceptible « d’avoir à considérer la plus haute sentence jamais donnée au Canada » et que, pour cette raison, « être capable de décrire ou de diffuser certains extraits devient, à ce moment, important ».
Le juge doit rendre sa décision ce matin.