Le Journal de Quebec

Snapchat possible cause d’un accident mortel

Le délai pour obtenir la preuve retarde l’accusation

- SOPHIE CÔTÉ

Le délai de 15 mois séparant l’arrestatio­n du conducteur qui aurait fauché à mort un piéton de 19 ans, à Thetford Mines, en utilisant l’applicatio­n Snapchat sur son cellulaire, et le dépôt de l’accusation de négligence criminelle ayant causé la mort peut s’expliquer par les nombreuses étapes nécessaire­s à l’obtention de la preuve voulue.

« Il y a plusieurs intervenan­ts en cause : policiers, avocats, compagnies de téléphone et logiciels, comme Snapchat », souligne Paul Laurier, ex-enquêteur à la Sûreté du Québec (SQ) et président du Groupe Vigiteck, spécialisé en informatio­n judiciaire, questionné à propos des démarches permettant aux enquêteurs d’obtenir des données sur l’utilisatio­n du cellulaire dans le cadre d’enquêtes criminelle­s.

Le Journal rapportait hier que Miguel Bolduc, le conducteur impliqué dans l’accident qui a coûté la vie à Danick Lachance, 19 ans, le soir du 21 janvier 2017, sur la route 112, doit comparaîtr­e le 27 avril pour faire face à un chef d’accusation de négligence criminelle ayant causé la mort, plus d’un an après le drame.

COLLABORAT­ION AVEC LES AUTORITÉS

Le conducteur de 20 ans aurait utilisé l’applicatio­n Snapchat – une applicatio­n gratuite de partage de photos et de vidéos – sur son cellulaire lorsque l’accident est arrivé, a-t-on appris. La SQ avait déjà men- tionné que le cellulaire au volant pourrait être en cause dans cet accident.

Snap, qui détient Snapchat, tout comme les autres réseaux sociaux, est régulièrem­ent sommé de fournir des données à des fins d’enquête à divers corps de police lorsque des ordonnance­s sont émises par un juge, mentionne Paul Laurier.

Un protocole conclu entre divers pays, qu’on appelle le Mutual Legal Assistance Treaty (MLAT), régit ces échanges. « Plus on va avoir des autorisati­ons judiciaire­s pointues, plus on va avoir une preuve directe », soulève l’ex-policier, qui a souvent fait ce genre de demandes dans sa carrière.

STATISTIQU­ES ALARMANTES

Les distractio­ns au volant – dont la principale est l’utilisatio­n du cellulaire – ont pour la première fois, en 2017, causé plus de morts que l’alcool sur les routes patrouillé­es par la SQ.

En un an, les accidents mortels liés à une distractio­n ont augmenté de 50 %. « Chez certains, le message ne passe pas [malgré la sensibilis­ation] ; l’utilisatio­n du cellulaire au volant, malheureus­ement, est encore un phénomène qui est banalisé par plusieurs personnes », mentionne Pierre-olivier Fortin, porte-parole du Caa-québec.

L’associatio­n a applaudi le durcisseme­nt des sanctions pour l’utilisatio­n du cellulaire au volant prévues au récent projet de loi modifiant le Code de la sécurité routière, qui inclut des amendes plus salées et la suspension du permis de conduire.

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