Les entrepreneurs du Bitcoin en colère contre Québec
Hydro-québec garde son électricité... même si elle nage dans les surplus jusqu’au cou, déplore ce groupe
Le Québec va manquer le bateau des technos liées au Bitcoin au profit de l’alberta ou de l’ontario si le gouvernement garde son moratoire sur l’électricité, craignent des PME dans une lettre au ministre Moreau dont Le Journal a obtenu copie.
« D’après moi, on est en train de manquer le bateau. Il est minuit moins quart. On se fait solliciter à droite et à gauche. La demande vient de l’alberta et de l’ontario », se désole le PDG de WR Transformateurs et instigateur du groupe, Christian Roberge.
M. Roberge dit que Québec doit voir plus loin que « le fameux Bitcoin » et regarder l’infrastructure québécoise du « blockchain » (chaîne de blocs) mis au monde par des PME de chez nous.
Une fois la frénésie du Bitcoin finie, ces méga « centres de calcul » pourraient servir aux transactions bancaires, aux dossiers médicaux ou même aux suivis de livraison de colis, selon le directeur des relations publiques de Bitfarms, Bahador Zabihiyan.
« PAS UNE CENNE »
En faisant visiter son usine de SaintAlphonse-de-granby hier, le chef de WR Transformateurs, Christian Roberge, a décoché une flèche bien sentie à Québec.
« Le gouvernement n’a pas besoin d’investir une cenne là-dedans, comparativement à Bombardier ou à Cimenterie Mcinnis, où un emploi coûte un million $ au gouvernement. Là, ça ne coûte rien et ça crée de l’emploi beaucoup », a-t-il affirmé.
Le président de Métal Sigma, Richard Houle, signataire de la lettre, regrette que Québec mette la pédale douce au moment où il pourrait facilement embaucher 25 employés pour doubler sa production... sans parler de ses propres fournisseurs.
« Il y a l’effet domino dans tout ça. Quand je fabrique de l’acier, il y a du transport. Il y a des gens qui me fournissent de la peinture en poudre, par exemple », explique-t-il.
Le directeur des opérations chez Volta élec- trique, Pascal Moreau, va plus loin. « Ça serait bien de pouvoir dire que le Québec a participé au développement de cette technologie-là », a-t-il lancé.
VRAIS SPÉCULATEURS
Joint par Le Journal, le patron de Bitfarms, Pierre-luc Quimper, s’est montré légèrement irrité par le moratoire qui dure depuis quelques mois. « Quand ils nous comparent à des compagnies étrangères, ça me fâche un peu », a-t-il partagé.
« C’est important que le gouvernement et Hydro-québec comprennent qui est le spéculateur. La compagnie étrangère qui s’en va ? Ou celle qui paye de l’impôt ici ? » a conclu celui qui vient d’investir 250 millions $ à Sherbrooke sans demander un seul dollar à l’état.
Hier, la vice-première ministre et ministre de l’économie, Dominique Anglade, a visité les installations de Bitfarms à Saint-hyacinthe. Elle a ensuite qualifié ses échanges avec M. Quimper et son équipe « d’enrichissants » sur Twitter.