Une expérience enrichissante
Patrick Arsenault a vécu une expérience qui allait bien au-delà du sport, le 8 avril, au Marathon de Pyongyang
S’il ne battra pas les paysages grandioses du Marathon des Sables ou de celui de l’everest et de l’antarctique, le Marathon de Pyongyang en Corée du Nord aura été celui qui aura le plus marqué Patrick Arsenault sur le plan humain.
Suivi, épié et restreint durant la majorité de son séjour en Corée du Nord, le marathonien d’expérience est tout de même rentré au Québec la semaine dernière avec des images plein la tête.
Jamais ne s’est-il senti en danger de quelconque façon. S’il en retient que les Nord-coréens sont un peuple très accueillant, il n’est pas dupe. Ce qu’on a décidé de lui montrer, là-bas, n’avait rien d’improvisé.
« Les gens sont super fins, mais tu sais qu’ils ont reçu des directives sur comment parler aux étrangers. Tu ne rencontreras pas, par hasard, une petite famille dans un restaurant. Tous les gens que tu croises sont là pour une raison. On a visité une école et des fillettes tout habillées pareil nous ont fait un petit spectacle. En se renseignant par la suite sur les paroles de la chanson, on comprenait que ça tournait tout autour des dirigeants du pays. »
Car tout est centré sur le régime, ajoute le Lévisien. Il n’y a aucune publicité nulle part et les seules affiches qu’on voit dans les rues sont des messages de propagande.
FAUSSE ABONDANCE
Les touristes sont bien traités en Corée du Nord, mais sont constamment suivis de guides chargés de leur passer le même message. D’ailleurs, Patrick Arsenault raconte même que d’autres Nord-coréens gravitaient toujours autour du groupe de 130 marathoniens étrangers, afin de s’assurer que les guides distribuaient le même message.
« On ne pouvait pas prendre de photos de militaires, d’édifices en construction ou de gens dans la pauvreté. Ils ne veulent pas qu’on reparte avec des images qui montrent que la Corée du Nord est défavorisée. »
Dans les restaurants, même, on tente de leur faire croire des choses.
« On nous avait bien avertis qu’on ne réussirait jamais à finir nos assiettes. Chaque fois qu’on la finissait, ils revenaient nous servir pour nous faire croire que c’est l’abondance en Corée du Nord », a ajouté celui qui a provoqué l’ire de sa fille, lorsqu’il lui a avoué avoir mangé une soupe… au chien !
DÉPART SPÉCIAL
Quant au marathon en soi, le départ à lui seul en valait la peine. Les coureurs ont tous pris le départ dans le stade Kim Il-sung, rempli de 55 000 Nord-coréens.
« C’était impressionnant, voire intimidant, pour un gars comme moi qui n’est pas un professionnel. Par la suite, lors des dix premiers kilomètres, tu parcours la ville et vois les lieux qu’on voit aux nouvelles. Le plus possible, j’essayais d’aller taper dans la main des gens réunis autour du parcours. Je voulais qu’ils voient qu’on n’est pas des méchants, contrairement à comment on est perçus là-bas. »