Les tableaux blancs désuets
Leurs coûts d’entretien et de réparation ont explosé ces dernières années
Souris qui gèle, lampes à changer, projecteurs désuets. Les controversés tableaux blancs interactifs imposés à grands frais par le gouvernement Charest il n’y a même pas 10 ans arrivent maintenant à la fin de leur vie, au point où des écoles délaissent cette technologie.
« La toile commence à être abîmée. Des fois, la souris reste bloquée », remarque Valérie ( nom fictif), une enseignante des Laurentides qui a un tableau blanc interactif (TBI) de la première génération dans sa classe et qui préfère taire son vrai nom.
Les TBI avaient fait couler beaucoup d’encre en 2011, quand le gouvernement Charest avait décidé d’en doter toutes les écoles ( voir autre texte).
Le Journal a sondé une vingtaine de commissions scolaires pour connaître leurs dépenses d’entretien et de réparation des TBI. Sur les 14 qui ont répondu, 12 ont dû ouvrir grand leurs bourses ces dernières années pour les garder fonctionnels.
Par exemple, la Commission scolaire de la Seigneurie-des-mille-îles (CSSMI) a dépensé 247 000 $ en 2016-2017 pour les entretenir, soit sept fois plus que les 35 000 $ annuels déboursés par le passé.
VERS LES ÉCRANS
Cette explosion de coûts s’explique par une augmentation de la clientèle, donc du nombre d’appareils, mais aussi de leur usure, explique Line Desgroseilliers, directrice du service des technologies de l’information à la CSSMI.
Ce sont surtout les canons et leurs lampes, qui permettent de projeter les images sur le tableau blanc, qui doivent être remplacés à un rythme grandissant, révèlent les données obtenues par Le Journal.
En 2015-2016, le nombre de lampes changées à la Commission scolaire des Affluents a doublé, passant de 64 à 140. Elles coûtent entre 66 et 336 $ l’unité.
Plusieurs commissions scolaires délaissent donc les TBI pour une technologie plus récente : les écrans interactifs. Pas de lampe à changer ni de projecteur qui peut briser. Et certains peuvent même être connectés au cellulaire ou à la tablette de l’enseignant.
À la Commission scolaire Beauce-etchemin (CSBE), 120 tableaux seront remplacés par des écrans cet été.
« Quand un projecteur ne fonctionne pas dans une classe, c’est traité comme une urgence », explique Christian Buteau de la CSBE.
ADOPTÉS
Car après toutes ces années, les enseignants ne peuvent plus se passer de leur tableau ou écran interactif. Même les profs d’éducation physique en veulent dans leur gymnase, ont mentionné plusieurs commissions scolaires.
Le ministre de l’éducation, Sébastien Proulx, est censé dévoiler un plan d’action numérique ce printemps.